Comment revisiter les lieux où se joue notre vie spirituelle : dans le quotidien d’un travail, d’une vie familiale, ou encore dans la routine d’une pratique dominicale qui ne semble plus porter de fruits ? Dans ce recueil, Guillaume Bady nous offre une centaine d’extraits de la prédication de saint Jean Chrysostome : une page ou deux tirées de la prédication ordinaire d’un pasteur exceptionnel, tant pour son éloquence que pour son sens de la psychologie. L’évêque de Constantinople, qui a su consacrer, dès la fin du IVe siècle, tout un traité à l’éducation des enfants, sait à merveille exhorter chacun à trouver Dieu dans sa vie la plus concrète.
Ainsi, l’un des premiers extraits proposés a pour motif : qui est devenu meilleur après être allé à l’église un mois entier ? « Si nous n’en rapportons rien, dit l’évêque, il vaut mieux rester chez nous. » Et d’inviter ses fidèles non seulement à se nourrir vraiment des lectures entendues, mais aussi à prier sans cesse, sans prétexter que l’église est trop loin de chez eux : en marchant dans la rue, en travaillant, en faisant les courses, la cuisine…
Ailleurs, nous apprenons comment tirer profit de l’Écriture pour combattre l’agacement, la jalousie, la colère et la tristesse ; ou encore comment un mari manifestant sa tendresse envers son épouse la convaincra facilement de renoncer aux bijoux et au luxe… En des traits émouvants, Jean Chrysostome dépeint Dieu comme un amoureux, ou comme un partenaire attaché à respecter jusqu’au bout notre liberté et notre part du contrat. Dans d’autres passages, il insiste sur la mission joyeuse à laquelle tout chrétien est appelé : « Car il est plus facile pour le soleil de ne pas chauffer ou de ne pas briller, que pour un chrétien de ne pas rayonner. » Le souci des plus pauvres, la confiance dans la miséricorde divine, l’importance du corps dans la vie spirituelle ou la gestion des distractions dans la prière sont encore traités dans de brefs paragraphes regroupés de manière souple en quatorze chapitres thématiques. L’ensemble respire la profondeur et la liberté, ainsi que l’espérance inébranlable d’un pasteur concluant ainsi son interprétation de la parabole du bon grain et de l’ivraie : « Tant que l’ivraie est près du blé, il faut l’épargner, car il se pourrait que les ennemis mêmes deviennent du bon grain ! »
 
Pierre Molinié