Ed. et prés. M.-L. Gondal. Jérôme Millon, coll. « Atopia », 2001,208 p., 9,50 €.

Ce petit ouvrage fut publié en 1645. Plusieurs fois réédité, il fut mis à l'Index en 1689, en glorieuse compagnie : Canfield, Bemières et Madame Guyon. Les temps n'étaient plus à la mystique. Son auteur était un jésuite gascon, homme de terrain apostolique. Il appartenait à cette génération de spirituels qu'illustra son ami Surin. Il déclare n'écrire ici ni pour les débutants ni pour les âmes favorisées de grâces extraordinaires. Le chemin qu'il trace, en trente-six courts chapitres, s'offre à tout chrétien soucieux de mener une vie spirituelle exigeante.
Le propos et le registre s'apparentent plus au Traité de l'amour de Dieu qu'à l'Introduction à la vie dévote. Ils sont fort représentatifs de la littérature mystique qui s'épanouit en France dans le premier XVIIe siècle, nourrie de tradition rhénoflamande et des grands carmes espagnols. C'est la transformation de l'âme en Dieu, sa « déification », sa « déiformité » par le « parfait anéantissement et la mort à tout », qui est visée. La « simplicité » de l'« acte général » par lequel l'âme vit cette union à Dieu n'est pas à confondre avec une dangereuse « oisiveté ». Il reste qu'à la fin du siècle ces expressions traditionnelles, et d'autres, ne seront plus comprises et qu'elles succomberont sous la censure globale de « quiétisme », c'est-à-dire d'illuminisme.