La bienveillance : un vocable à la sonorité fluide évoquant un bruissement d’eau, un discret chatoiement ; un mot que l’on n’utilise et n’entend prononcer pourtant que rarement, comme s’il était un peu suranné, voire saugrenu, que l’on avait perdu de vue sa signification, et surtout que l’on mésestimait sa valeur, méconnaissait son efficience. Depuis quelques années cependant, des auteurs se sont penchés sur cette disposition à témoigner aux autres de la bonté, de l’obligeance, à traiter toute personne, proche ou non, avec respect ; ainsi le moine bouddhiste et écrivain Matthieu Ricard, la théologienne Lytta Basset, le philosophe Michel Terestchenko, parmi d’autres. Deux millénaires et demi auparavant, Lao Tseu soulignait déjà la force salutaire et féconde de la bienveillance, apte à « arrêter le mal avant qu’il n’existe, calmer le désordre avant qu’il n’éclate. »

 

 Une attention irriguée de sollicitude


La bienveillance : le mot est formé sur le participe présent ancien du verbe vouloirvoillant, veillant – dérivé du latin bene volens : « qui veut du bien, favorable à ». Tout verbe exprime une énergie, qu’elle soit d’action, d’état ou de devenir ; il subsiste dans le substantif bienveillance une part de ce dynamisme verbal. La bienveillance est un bon vouloir continûment en action, aussi discrète soit celle-ci ; elle n’est jamais tapageuse. Et elle n’a rien d’exceptionnel, dans le sens où c’est dans l’ordinaire des jours qu’elle s’exerce, parfois furtivement, au hasard d’une rencontre. On pourrait aussi, en jouant sur l’homophonie, rapprocher ce mot du participe présent du verbe veiller ; la bienveillance relève de la veille, de la vigilance portée aux autres, elle est une attention irriguée de sollicitude. Et elle est une bienvenue souhaitée à tous. C’est ainsi qu’elle désarme la violence et le mal