Trad. F. Lhoest et alii. Cerf, coll. « Le sel de la terre », 2003,221 p.,26€.

Il est des auteurs dont le talent tient dans la simplicité. Ce ne sont pas des vulgarisateurs, des compilateurs habiles. Ils n'écornent pas les difficultés, ni ne les recouvrent Mais ils savent ouvrir les bonnes portes, au bon moment. C'est un peu ce que l'on ressent en lisant ce recueil d'articles de Kallistos Ware (évêque orthodoxe anglais), publiés entre les années 60 et 90. Un grand écart sans doute, surtout pour le sujet du livre, la question du corps, abordé ici sous tous ses aspects : sa place dans l'univers, la sexualité, le mariage, la procréation, l'ascèse, la rédemption, etc.
Il faudra lire les articles en tenant compte de cet écart, heureusement précisé dans les références finales, pour évaluer les nuances dans les formulations, les accents, surtout pour lire la continuité d'un discernement théologique. Au fond, à travers ces trente années d'épreuves de notre existence corporelle, à ses différentes échelles, c'est une théologie qui se forge, se précise, mettant l'accent sur l'unité universelle du salut, sa dimension cosmique et la nécessité de penser le corps à cette hauteur.
L'autre enseignement de l'ouvrage, pour des non-orthodoxes, est sa nature spéculaire, l'effet miroir qu'il nourrit en nous sur notre conception du corps, du sacrement, du mariage. Les entrées sont multiples, sacramentelles ou éthiques, théologiques ou spirituelles, selon nos catégories habituées, mais l'unité de vue est à l'intersection de ces entrées et nous incite à aller plus loin dans notre propre tradition.