Desclée de Brouwer, 2007, 300 p., 27 euros.

En 1984, Noëlle Hausman nous avait donné une remarquable étude, publiée chez Beauchesne, qui mettait l’expérience thérésienne de l’enfance en regard de la méditation nietzschéenne : ainsi se faisaient face Deux poétiques de la modernité – l’athéisme de Nietzsche (la mort de Dieu) et la théologie de Thérèse (la Gloire du Père), dessinant l’alternative qui commande notre univers spirituel contemporain.
L’auteur récidive avec le même bonheur en nous proposant un ouvrage de plus grande ampleur, mais d’ambition plus modeste, puisqu’il nous offre un survol d’ensemble du monde thérésien, comblant ainsi une regrettable lacune éditoriale. Dans ces pages qui reflètent un cours professé à l’IET de Bruxelles, chacun trouvera une mine de renseignements sur la biographie thérésienne et sur le corpus publié, intelligemment distribué et minutieusement analysé.
Le plus intéressant est cependant l’organisation de la problématique et son approfondissement qui souligne une cohérence de l’« oeuvre-vie », que la seule analyse des oeuvres estomperait évidemment. La clef de l’univers que Thérèse explore et édifie au rythme de sa lecture et de son interprétation des Écritures est la double centralité qui s’établit dans son nom même : l’Enfant Jésus, figure de l’enfance éternelle, entourée de la prévenance de l’Amour paternel, et la Sainte Face, « paradoxale » épiphanie du Christ pascal. L’auteur articule ce double motif qui gouverne une logique du désir.
Est-ce de nous ramener ainsi, désirs et angoisses confondus, au primordial de l’homme que Thérèse provoque d’incessants conflits entre ses lecteurs et commentateurs ? Lire Thérèse n’est pas sans danger ! Un seul regret : que la compétence sapientielle de la science doctorale – « science expérimentale », aurait dit Surin – ne soit que trop brièvement mentionnée.