Préf. Y. Reza. Téqui, 2001,343 p., 149 F.

Le sous-titre que Jean-Luc Jeener donne au premier volume de son théâtre, aussi modeste qu'il paraisse, pourrait presque passer pour une provocation, tant il est vrai qu'aujourd'hui le théâtre semble se complaire dans sa tour d'ivoire.
Le dramaturge s'inspire directement d'événements qui ont marqué la société dans les années 90, notamment dans le triptyque contemporain que constituent Le Carmel, Rwanda et Le Foulard. Au travers de ces événements, la foi fut mise à l'épreuve. Par la voix d'une soeur du carmel d'Auschwitz, d'un évêque hutu ou d'un proviseur de lycée aux prises avec l'affaire du « foulard », il s'agit toujours de confronter à une réalité profuse et compromettante une Parole qui ne l'est pas moins.
Etranger à toute visée édifiante, servi par une construction dramatique sans apprêt, une grande sobriété de moyens et un métier évident, le théâtre de Jeener est d'abord la représentation de cette confrontation libératrice, de ce moment où l'homme cesse de subir pour se soumettre à l'Amour. En cela, son oeuvre est authentiquement témoignage Ce n'est pas tant leur psychologie, encore moins leur représentativité, qui fait ici la vérité des personnages, mais bien leur fonction de porte-parole du Christ.