Peu après son séjour en Chine et autres pays asiatiques (1916-1921), le poète Saint-John Perse (Alexis Léger) publiait le recueil Anabase. Si l’on retrouve là bien des images évoquant ses randon­nées équestres en Mongolie et autres lieux, l’oeuvre n’entendait rien évoquer d’historique ni de géographique. Le titre, indiquait plus tard l’auteur, « pris dans sa double acception étymologique, signifie tout à la fois “montée en selle” et “expédition vers l’intérieur” » 1. Anabase, pourtant, s’enracine bien dans la rencontre avec un terroir revisité, transformé, universalisé par la puissance de l’imagination créatrice. Durant le cours de son périple, le poète se prend à mur­murer : « Nous n’habiterons pas toujours ces terres jaunes, notre délice… » Intuition d’impermanence paradoxalement éveillée par