L'auteur médite sur le sens du Samedi saint, espace et moment entre la mort de Jésus et les premières apparitions du Ressuscité. Ce silence entre le Vendredi saint et le dimanche de Pâques n'est-il pas essentiel ? Ne peut-il pas nous aider à vivre notre situation présente dans le monde, selon l'esprit d'une victoire déjà acquise mais dont les effets sont encore en attente d'accomplissement ? La méditation se déploie dans plusieurs directions. Elle commence par des éléments scripturaires et théologiques. Dans le Credo, nous affirmons qu'« il est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers ». Cette descente dans les bas-fonds de l'humanité, en solidarité avec les pécheurs, est déjà une victoire sur la mort : mais elle est cachée et demande au croyant de tenir ferme dans la foi pour que le Samedi saint ne soit pas que le souvenir de la mort mais aussi l'annonce de la promesse de la vie donnée à tous. Ce blanc dans les évangiles – il n'y a pas de récit des événements ayant eu lieu ce samedi – est silence de Dieu : le priant est écartelé entre la désespérance et la joie du fin silence divin, avec Élie à l'Horeb (1 R 19,12). Le Samedi saint est aussi un jour de sabbat – le jour où tout est accompli, le temps de rendre grâce et de se reposer – et le jour de la fête annuelle juive de Pâques (Jn 13,1 ; Mt 26,17). Cette méditation, première partie du livre, propose ensuite aux chrétiens de faire le parallèle entre leur vie actuelle dans le monde et le Samedi saint : en rester au Vendredi saint et à la grandeur du don de la vie de Jésus permet-il de croire que cet amour est durable et fécond ? Mettre l'accent sur le dimanche de Pâques et les effets de la Résurrection aide-t-il à œuvrer dans notre monde où il semble que la mort triomphe encore trop souvent ? La spiritualité du Samedi saint n'est-elle pas adaptée à notre existence sur cette terre de passage ? C'est ce que l'auteur développe ensuite selon trois directions : l'espace ouvert par ce jour intermédiaire ne rejoint-il pas ce que le pape François appelle les périphéries ? Le temps, l'heure de Jésus, le moment favorable, n'est-il pas notre aujourd'hui, lumière dans les ténèbres, espérance qui ne trompe pas ? L'histoire de nos vies n'a-t-elle pas à s'inscrire dans cet horizon ? « Le christianisme est, de par sa nature, une foi eschatologique, son message n'est pas une recette pour vivre bien en ce monde, mais une interpellation et une transformation de la condition humaine par Celui qui vient de Dieu. » (p. 238). Si la liturgie du Triduum pascal laisse peu de place au Samedi saint, ne peut-on penser que le développement de la liturgie autour de Noël vient compenser ce blanc : la naissance de Jésus, lumière dans les ténèbres, n'annonce-t-elle pas la naissance de l'Église ? Ce livre très documenté est l'occasion de repenser le sens de l'existence chrétienne. Il est stimulant et ouvre de vastes perspectives.