La serrure émet un cliquetis alors que tourne la clé. A hauteur des yeux, tel un trou percé dans le blindage épais, un œilleton est là pour signifier que cette porte n'est pas n'importe quelle porte, mais celle d'une cellule de prison. Quelqu'un, de jour comme de nuit, peut surveiller sans être vu ce qui se passe à l'intérieur. À droite de cet œilleton, sur une bande de papier cartonné orangé, un nom et un numéro d'écrou. Le surveillant, dans un geste tant de fois répété, vérifie que la porte est bien fermée. Pour lui, ce geste est habituel, mais, pour Juan qui vient tout juste d'arriver, il est encore insupportable. Il se sent nerveux et tellement vulnérable. Du regard, il balaye les murs sombres et sales où de nombreux graffitis, comme autant de témoins muets des passages successifs, semblent lui dire : « Oui, toi aussi, te voilà dans cette galère ! »
Juan frissonne, la fenêtre qui donne sur le terrain de football n'a plus de vitres. Un carton posé tant bien que mal entre les barreaux tente de barrer l'accès à l'air glacé de cette journée de décembre. Tout semble hostile, impossible. Juan, assis sur le bord du lit, reste là un long moment, prostré. Puis, soudain, un cliquetis : la cellule s'ouvre, et le surveillant aidé d'un détenu annonce le repas. Une gamelle chaude lui est servie, mais il n'a pas faim. Il désire seulement pouvoir communiquer avec sa femme et ses