Xavier Emmanuelli évoque la crise de société dans laquelle nous vivons, chrétiens ou non. Crise profonde, mondiale, crise dont nous cherchons les clefs et les issues pour la traverser. En ce sens, le constat fait par les évêques de France dans leur « Lettre aux catholiques », en 1996, reste pertinent et demeure un bon point de départ pour toute réflexion sur notre condition de chrétiens :
« La crise que traverse l'Église aujourd'hui est due, dans une large mesure, à la répercussion, dans l'Église elle-même et dans la vie de ses membres, d'un ensemble de mutations sociales et culturelles rapides, profondes, et qui ont une dimension mondiale. Nous sommes en train de changer de monde et de société. Un monde s'efface et un autre est en train d'émerger, sans qu'existe aucun modèle préétabli pour sa construction. Des équilibres anciens sont en train de disparaître et les équilibres nouveaux ont du mal à se constituer. (...) La figure du monde qu'il s'agit de construire nous échappe » 1.
Si la figure de l'avenir nous échappe, si l'avenir de notre humanité est si difficilement pensable, comment parler encore d'espérance ? L'enjeu n'est pas ici d'être optimiste ou pessimiste, mais de savoir comment vivre ces mutations en y trouvant sens pour nous et pour l'humanité. Or, nous sommes bien obligés, dans un premier temps, de reconnaître que ces mutations mettent à mal l'espérance.« No Future » ?
Ce slogan du mouvement punk à la fin des années 80 exprimait de manière provocante un sentiment diffus et diffusé aujourd'hui. Pour beaucoup de nos contemporains, en Occident comme dans d'autres pays, penser l'avenir est bien difficile. Prenons la situation des jeunes des pays arabes ou africains qui ne voient chez eux aucune perspective de travail, et donc de possibilité de fonder une famille. Ils essaient alors à n'importe quel prix, parfois au prix de leur dignité, parfois même de leur vie, de venir en Eu...
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