Préf. F.-X. Dumortier.
Lessius, coll. « A u singulier », 2005, 278 p., 28 euros.


Le 50e anniversaire de la mort du célèbre jésuite paléontologue donne l’occasion à un de ses meilleurs commentateurs, le P. Gustave Martelet, de revisiter la motivation spirituelle de l’oeuvre de Teilhard (voir aussi Et si Teilhard disait vrai...., Parole et Silence, 2006, 103 p., 9 euros) Le christocentrisme de la pensée teilhardienne n’a rien d’une banale rencontre du jésuite et de saint Paul ; il est le fruit d’une méditation assidue nourrie d’une part de l’hypothèse scientifique de l’évolution, et d’autre part de « l’expérience croyante » d’une tension, un désir d’unité, qui projette en avant le croyant dans un processus d’universalisation toujours en genèse. Ce processus n’a rien d’une vague perception du cosmos par quelque cerveau puissant ; il ne se confond pas davantage avec quelque grand principe transcendant l’expérience individuelle, encore moins avec un grand sentiment ou une vision politique de haut vol. L’universalisation désigne l’expérience de l’Un qui rassemble les rationalités dispersées et anime le développement de l’univers. Cette expérience, inaccessible à la science, coïncide avec celle de la kénose du Logos divin « en qui tout a été fait ».
Pareil chemin d’Unification est un procès semé d’embûches, et c’est le grand mérite de Gustave Martelet de ne pas les cacher : la tentation du naturalisme, qui risque de minorer la singularité de l’expérience du mal ; une épistémologie empêtrée dans une conception aristotélicienne de la vérité, comme si la vérité attendait passivement d’être dévoilée ; une anthropologie prise dans une sorte d’idéalisme hégélien. L’ouvrage du P. Martelet est donc loin d’une hagiographie. Comme le souligne le P. Dumortier dans sa préface, le Christ « toujours plus grand » de Teilhard dit un programme, et non le dernier mot d’une pensée totalisante.