Ce texte est l’hymne liturgique pour le « dernier adieu », ultime étape de la liturgie catholique des funérailles à l’église. À la fin de la célébration (avec ou sans eucharistie), le prêtre ou le diacre (ou le laïc chargé de conduire la célébration) s’approche du cercueil, invite l’assemblée à prier silencieusement au moment de se séparer du défunt, puis interviennent ce chant, l’encensement, l’aspersion du corps avec l’eau du baptême, geste auquel peuvent se joindre tous les fidèles présents. Et le rituel s’achève par une prière finale. Alors le corps du défunt quitte l’église.
 
Un chant rituel
Ce chant (pour lequel existent plus de quatre mélodies) est probablement utilisé au moins dans les deux tiers des funérailles célébrées en France à l’église. C’est pourquoi il est intéressant de voir comment un texte devenu langage courant de la liturgie parle du devenir des défunts. Écrit en 1971, avec deux mélodies au choix, il a été publié dans le Rituel des funérailles rénové après le concile Vatican II. Proposé comme chant rituel, il visait à remplacer le traditionnel Libera me qui accompagnait l’absoute dans le Rituel précédent. Pour que ce chant soit reçu sans réticence vis-à-vis de l’auteur du texte ou du compositeur de la musique, les responsables de la liturgie catholique francophone ont publié texte et musique comme anonymes et propriétés de l’Église. Et ce chant a progressivement été bien reçu, avant d’être très connu : il est devenu un vrai « chant rituel », un rite, qui accompagne le moment difficile du départ définitif du défunt pour l’au-delà.
La lecture attentive du texte de ce chant nous montre qu’il ne parle pas tant du lieu où va le défunt que de ce que devient le défunt, de ce qu’il éprouve, de ce qui lui arrive.
Le lieu où la personne est accueillie après la mort est la maison du Père. Maison déjà mentionnée par Jésus dans l’évangile selon saint Jean : « Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure… » (14,2). Dans le chant, comme dans l’évangile, aucun autre élément n’est donné concernant cette maison, mais l’attention se porte sur le Père qui habite cette maison et qui accueille « à bras ouverts » : « … notre Père t’attend, et les bras de Dieu s’ouvriront pour toi. » Dans le deuxième couplet, la mention des « portes de la vie » est plus une indication de passage, de transformation, qu’une indication de lieu. Les proches du défunt qui chantent imaginent le moment où eux-mêmes, passés par la mort à leur tour, reverront la personne aimée. L’expression « les portes de la vie » est métaphorique et symbolique : elle indique un changement d’état ou de condition. Les quatre autres couplets continuent à s’intéresser à ce que devient le défunt. Tous les verbes, qui sont au futur, parlent de la relation du défunt à Dieu : « Tes yeux verront le salut de Dieu » ; « Le pardon de Dieu te délivrera » ; « Tu te lèveras et tu marcheras » ;...

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