Bien commun, biens communs, communs, en commun… Nombreux sont les recours à ces termes par toutes sortes d'acteurs, notamment en cette année électorale : le terme lui-même de République fait écho à la volonté partagée par des citoyens de vivre ensemble en servant l'intérêt général, la chose publique, celle-ci étant comprise, en France, dans une perspective universaliste faisant abstraction des particularismes. Néanmoins, certains tenants d'une démarche des communs dénoncent l'illusion d'une compréhension unifiée du bien commun, parce qu'elle risque toujours d'être l'expression des intérêts des puissants, et nombreux sont ceux qui plaident pour des logiques d'action centrées sur les biorégions, animées par le refus d'une autorité centralisatrice au profit d'une prise en compte des communautés dans des territoires. Peut-on réconcilier ou au moins articuler ces notions, en partant du constat dramatique que « notre maison brûle et nous regardons ailleurs1 » ? Les légitimes débats sur les moyens d'œuvrer à la préservation de la maison commune, à différentes échelles, n'ont-ils pas à garantir d'abord la convergence des combats pour sa sauvegarde ?

C'est ce que la présente contribution cherche à faire, à partir d'une double source : le travail que j'ai mené depuis une vingtaine d'années autour des responsabilités des entreprises à l'échelle internationale et l'expérience vécue depuis quatre ans au Campus de la Transition, une association ancrée en Seine-et-Marne cherchant à expérimenter, par une vie commune et un ancrage territorial, les conditions de modes de vie et de modèles économiques cohérents avec les grands enjeux écologiques et sociaux contemporains et à contribuer à la transformation des cursus dans l'enseignement supérieur. Les deux engagements sont complémentaires et convergents. Je prendrai comme fil conducteur de mon analyse les six portes présentées dans le Manuel de la Grande Transition2, ouvrage