Comment penser cette platitude ? Les grandes oppositions soulèvent de fortes réactions. Mais tant de médiocrité enfante l'indifférence. Qu'est-ce qui pourrait mouvoir des engagements ?
L'indifférence des autres
L'indifférence : qui en parle ? D'abord, ceux qui ne sont pas indifférents. Il s'agit de celle des autres, aux yeux des défenseurs d'une cause. Les personnes engagées, chrétiens en tête, peinent à voir comment les autres les perçoivent. L'indifférence est ainsi jugée à partir de convictions, comme leur ombre. Non plus une opposition agressive mais un désintérêt : ni pour, ni contre, mais ailleurs. Vieux problème : en 1817, Lamennais publiait un livre retentissant, l'Essai sur l'indifférence en matière de religion. Le titre reprenait l'expression de Pascal : « L'indifférence de la religion ». Quand Pascal définissait par là une position qui accepte tous les dogmes, il continuait le vieux sens stoïcien de ce qui est indifférent : ni bon ni mauvais, actes indistincts, égaux et sans spécificité. Lamennais arrive après la Révolution et l'Empire, sous la Restauration. Les guerres idéologiques, les luttes politiques qui avaient entraîné la religion dans leurs disputes, s'affaissaient exsangues, laissant un peuple avide de tranquillité et d'ordre Les partis fatiguaient L'indifférence : le repos des guerriers intellectuels.
Un point commun rapproche ces périodes : est indifférent ce qui n'émeut pas, ce qui ne provoque aucun choix, donc ce qui paraît sans importance. Aucune pers...
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