Fates, 2002, 12,50 €.

Cet ouvrage rassemble divers textes du théologien orthodoxe, publiés au fil des années, autour du thème de la beauté. Mais ce recueil peut être tenu pour un nouveau livre, car cette dimension de la pensée d'Olivier Clément est peu reconnue, bien qu'elle soit fondamentale et constitue une sorte de fil conducteur de son travail. La beauté pour l'auteur est à la fois présence de Dieu et révélation de l'homme à lui-même : « La beauté est une énigme qui seule ou presque, aujourd'hui, semble capable d'éveiller les hommes. » Il s'agit là d'une intuition fondatrice du parcours de Clément un des porches de son itinéraire de conversion.
Dans un article liminaire est dressé un bilan dense et aigu des enjeux spirituels et culturels du monde contemporain, resituant la sécularisation dans un long terme qui donne sens à la crise des idéologies et aux fortes attentes spirituelles. L'auteur y fait appel à « un nouvel âge chrétien ». Le reste des articles décline les différents enjeux théologiques de la beauté. Bien sûr, l'icône est un passage obligé, mais notre théologien ne s'arrête pas au seuil liturgique. Autre porte d'entrée, plus familière à notre approche occidentale : le visage et le nom, la création artistique.
Mais ce ne sont là que des chemins : Olivier Clément esquisse une théologie de la beauté, une philocalie pour notre temps. La beauté n'a rien d'esthétique, elle n'est pas affaire d'art, die est vérité, réalité spirituelle, elle est un Nom divin. Par elle, nous pouvons faire l'expérience de la résurrection, de l'unité réalisée.
Denys l'Aéropagite célébrait cette beauté qui « produit toute communion» : Olivier Clément complète sa formule en soulignant combien la communion produit seule la beauté. Ainsi, La beauté se révèle de l'ordre de la théologie, de l'ecclésiologie, de la spiritualité : elle est un creuset possible de notre divino-humanité.