J’ai été ordonné prêtre en 1980 pour le diocèse de Paris. On découvrait alors avec curiosité les premiers ordinateurs et le traitement de texte qui allaient petit à petit détrôner les machines à écrire dans les secrétariats paroissiaux. Pourtant, à cette époque, on ne mesurait pas encore comment ces petites machines, et les nouvelles applications qu’elles allaient progressivement développer, allaient révolutionner nos manières de travailler, de vivre, et même de penser. En repensant à cette période, relativement brève au demeurant, je mesure le changement de génération qui s’est effectué, non seulement du point de vue technologique, mais aussi dans les mutations que cela a entraînées dans la vie et le développement de la société et, par contrecoup, dans nos communautés chrétiennes. Même s’il faut humblement reconnaître que l’on n’en est sans doute encore qu’aux prémices, il n’est pas inutile de tenter une première évaluation des bienfaits de ces changements et de leurs limites, en les resituant dans une perspective chrétienne.
Des mutations progressives…
Il faut sans doute chercher plusieurs facteurs concomitants qui ont favorisé ces évolutions dans l’Église. Je n’en citerai que quelques-uns :• La professionnalisation, nécessaire et obligatoire, qui a touché tout le secteur associatif, que ce soit au niveau comptable, fiscal, en droit du travail, concernant les normes de sécurité, etc.
• L’arrivée, dans les services diocésains, et dans les conseils économiques paroissiaux, de bénévoles ou salariés laïcs venant souvent du monde de l’entreprise ; aujourd’hui, beaucoup de chanceliers diocésains sont des laïcs qui ont déjà assuré d’importantes responsabilités professionnelles auparavant.
• La diffusion dans l’Église des techniques utilisées dans la communication et les médias. Très en vogue dans les mouvements évangéliques nés aux États-Unis, ces techniques ont été d’abord utilisées, puis diffusées en France, par les mouvements charismatiques qui se sont développés pendant cette période.
• L’arrivée de jeunes prêtres qui ont toujours baigné dans ces nouvelles technologies et les ont même souvent utilisées dans une première expérience professionnelle avant leur entrée au séminaire.
La paroisse, une entreprise comme une autre ?
Ayant toujours exercé au moins une part de mon ministère en paroisse, dont dix-huit ans comme curé, j’ai d’abord vécu ces changements sur le terrain. Je ne pourrai donc parler que de mon expérience parisienne, je m’en excuse par avance, car je sais que c’est une situation très particulière. À charge pour chacun d’adapter mes propos à sa...
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