Trad. V. Strappazzon.
Cerf/Messaggero Padova, coll. « S agesses chrétiennes », 2005, 544 p., 49 euros.


Cher à la dévotion populaire, docteur de l’Église, saint Antoine de Padoue demeure largement méconnu. C’est pourquoi la première traduction française de ses Sermons (quatre volumes sont prévus) retient l’attention. Nous n’avons pas ici des sermons prononcés devant un auditoire mais une oeuvre savante, rassemblement de matériaux mis en ordre à l’intention des prédicateurs et des enseignants. Antoine part de l’un des textes scripturaires de la liturgie du jour. Il ne cherche pas, comme nous le ferions aujourd’hui, à en dégager le sens, mais il en extrait des fragments, quelques mots auxquels il confère une portée. Pour exprimer ce contenu symbolique, il entasse les citations, d’abord scripturaires mais aussi patristiques ou païennes, il recourt aux étymologies, souvent fantaisistes à nos yeux, et aux jeux de mots qu’il manie en virtuose. Le résultat est, en son genre, éblouissant, mais, avouons-le, assez lassant à la longue.
Quant au fond, il s’agit avant tout de morale : critique des mauvais religieux ou des prélats orgueilleux, combat contre le péché, inlassable insistance sur la nécessité de la conversion. L’oeuvre est vigoureuse et bienfaisante.