Saint Ignace a aimé l’Église. Il l’a servie du même amour dont il a aimé et servi le Christ. Sa foi est celle de Jeanne d’Arc : « De Jésus-Christ et de l’Église, il m’est avis que c’est tout un, et qu’il n’en faut pas faire difficulté. » Sous l’étendard de la croix, il a lutté pour que la liberté de l’homme et le désir de Dieu se rencontrent et s’embrassent. Les règles « pour sentir vraiment avec l’Église » (Ex. sp. 352-370) sont des jalons qu’il a posés sur le chemin de la louange et de la foi.
La disponibilité à obéir
La première règle met l’accent sur la disponibilité à obéir : « Laissant tout jugement, nous devons avoir l’esprit disposé et prompt à obéir en tout à la véritable Épouse du Christ notre Seigneur, qui est notre sainte Mère l’Église hiérarchique. »
D’instinct, nous résistons, voulant rester maîtres chez nous. Le Pape ou un évêque dit-il quelque chose qui nous choque, aussitôt nous nous indignons et le faisons savoir, au nom même de l’Évangile ! Nous obéissons alors, mais à l’Ennemi. Sa lucidité sans amour met son venin de jalousie en tout jugement. Elle accuse et condamne, sème la zizanie en tout ce que Dieu veut unir.
L’Église est notre Mère, dans l’Esprit. Elle est d’abord l’Épouse que le Fils a reçue de son Père. Le oui qu’il a donné scelle une alliance indissoluble. L’Époux sera toujours présent là où parle, souffre et prie son Église. Rien ne pourra les séparer, pas même nos péchés. Pour nous, à tout moment, il faut choisir Jésus-Christ et l’Église, ou Satan et la Bête.
L’amour porte à louer. L’Église approuve et encourage l’assistance fréquente à la messe et la confession régulière, les longues prières, les voeux, les pèlerinages, les pénitences de Carême, les images dans les églises, bien d’autres choses encore. Le trait commun des règles 2 à 8 est qu’elles nous laissent libres d’observer telle ou telle pratique religieuse. Personne n’est obligé de vénérer les reliques des saints, mais celui qui les regarde de haut méprise ses frères et juge leurs prières. Une joie partagée introduit à l’obéissance.
Compassion et action
L’Église formule des préceptes, en précisant leurs différents degrés d’autorité et la façon de les interpréter. Il est parfois difficile de les comprendre et de les observer, a fortiori de les louer. Ignace en prend acte : nous aurons « l’esprit prompt à chercher des raisons pour les défendre et, en aucune manière, pour les attaquer ». La neuvième règle formule une obligation de moyens et non de résultat. Elle n’exclut pas qu’une décision paraisse indéfendable, une fois que l’on a vraiment cherché, sans les trouver, les raisons qui la justifient. Il reste alors à espérer qu’elle soit un jour modifiée, à essayer d’y contribuer pour notre part, à nous garder de l’attaquer. La bienveillance recommandée pour le temps des Exercices vaut aussi pour la suite.
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