« Il suivait ce que l'Esprit lui disait, il ne le précédait pas. C'est ainsi qu'il était conduit là où il ne savait pas, suavement, il ne pensait pas alors à l'institution d'un ordre religieux ; et pourtant, pas à pas, il préparait la voie, et faisait route vers cela, comme par une sagesse qui tâtonnait, dans la simplicité de son cœur dans le Christ. »
Jérôme Nadal, en parlant d'Ignace

Celui qui s'adonne aux Exercices spirituels, se voit invité d'emblée à offrir à Dieu « tout son vouloir et toute sa liberté, pour qu'il se serve de sa personne aussi bien que de tout ce qu'il possède conformément à sa très sainte volonté » (Ex. Spi., 5,21). Cette visée, reprise dans l'explicitation du terme « exercices » (1), habite les moindres détails d'une pédagogie aidant à se décider sous la mouvance de l'Esprit (« l'élection »). Au-delà même des Exercices, elle ouvre à une manière de vivre et d'agir selon l'Esprit en toutes choses, en cherchant à accorder sa liberté à la volonté divine. Jérôme Nadal l'appelait « contemplation dans l'action » : il s'agit moins de tirer un enseignement ou une pratique de ce qu'on a contemplé (contemplata tradere), que de continuer à laisser vivre ce qui peu à peu attire, touche, s'éclaire, se choisit et s'affermit de la vie de Dieu qui se donne à contempler dans le Fils (1 Jn 1,1-3 ; 3,2-3). Plus qu'un simple fruit du temps de la prière, cela s'incarne peu à peu dans l'action même de celui qui s'abandonne à cette conduite de l'Esprit dont témoigne Paul : « Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20). Cela requiert certes de la vigilance pour ne pas s'approprier la réussite de l'action, mais celle-ci devient alors elle-même un lieu d'union à Dieu (voir Lc 10,17-24).

Nous voudrions montrer comment le cheminement des Exercices, à travers ses étapes bien tracées, aide à rechercher et à vivre cet abandon à la