La crise que traverse aujourd'hui l'Église laisse pantois : elle manifeste l'écart entre l'image idéale d'elle-même et la réalité de ses failles. La voix intérieure qui risque de l'emporter devant le scandale est celle de la confusion et du trouble. Certains croyants penseront : « Bien fait pour elle ! », d'autres seront pris d'affliction devant la révélation des turpitudes « familiales », d'autres encore seront saisis de compassion pour tous les membres consacrés humbles et sincères serviteurs du Christ emportés dans la tourmente et associés malgré eux au désordre de leurs frères. Pour beaucoup, ce sont tous ces sentiments contradictoires qui lutteront en eux : tristesse, colère, compassion, ressentiment, dirigés tous azimuts contre l'Église, ses représentants, la presse, etc. Or le trouble et la confusion, nous le savons, ne sont pas bons conseillers et ils paralysent : « Que faire ? Que dire ? Que penser ? »

Face à une telle situation, il est utile de nous remémorer que le propre du mauvais esprit est de susciter l'inquiétude en nous pour nous empêcher de progresser dans la suite du Christ. Tout désordre, quelle qu'en soit la cause, peut lui fournir un levier pour nous détourner de « la fin pour laquelle nous sommes créés ». Le mauvais esprit sait trop bien manipuler notre légitime révolte contre le mal et l'utiliser à son profit. Notre colère peut être sainte, l'usage qu'il en fait ne le sera jamais ! Dans la tempête, notre premier devoir est donc de sauver notre fragile embarcation intérieure – quitte à nous porter ensuite au secours du navire amiral l'Église – et de prêter l'oreille à la voix qui en nous éveille la paix. C'est en elle seule que nous trouverons la force de sortir de l'hébétude pour agir sur ce qui relève de nous afin de sauver ce qui doit être sauvé : notre attachement au Christ. Lui-même nous presse de chercher activement en nous le levier de la confiance en Lui qui est là et qui veille…