Préf. Archimandrite Syméon. Cerf, coll. Epiphanie », 2001, 404 p., 23 €.

Le starets Silouane est un des grands saints orthodoxes du XX siècle. Ses écrits reflètent son expérience spirituelle. Favorisé de visions du Christ et de la Mère de Dieu, mais aussi harcelé par des démons, il était d'une grande simplicité et humilité. Lui qui n'était allé que deux hivers à l'école écrivait sans effort sur Dieu, car, disait-il, « le saint Esprit m'a instruit... et me porte à écrire ».
L'étude de J.-C. Larchet scrute sept thèmes centraux dans l'expérience spirituelle de Silouane : tenir son esprit en enfer ; aimer les ennemis ; salut personnel et salut du monde ; l'expérience de la déréliction ; le repentir et l'humilité ; le visage du Christ ; la pédagogie de l'Esprit. Sur les premiers points, il opère une confrontation serrée avec les écrits des Pères de l'Eglise, et c'est l'occasion de revisiter des grands spirituels comme saint Jean Chrysostome ou bien Syméon le Nouveau Théologien.
Par-delà cette filiation directe, les accents propres à saint Silouane n'en ressortent que mieux, et les pages sur l'amour des ennemis ou l'humilité y gagnent une clarté, une évidence brûlante. Les degrés de l'amour des ennemis sont plus que jamais à méditer par tous les protagonistes de conflits : « Le Seigneur apprend à tant aimer les ennemis que l'on aura compassion d'eux comme de ses propres enfants », ce qui conduit à leur vouloir du bien... Cet amour des ennemis est condition de notre propre salut qui ne va pas sans le salut du monde Ce but est tellement hors de portée qu'il y a de quoi désespérer. Ne reste alors que l'humilité de se reconnaître impuissant. Mais « aussitôt que nous nous humilions, nos souffrances prennent fin ; car à cause de son humilité l'Esprit Saint témoigne à l'âme qu'elle est sauvée ».
La dernière partie est consacrée à des écrits inédits et des lettres. On y découvre une étonnante prière à Adam, lui qui a connu Dieu et le paradis, modèle de ceux qui se repentent et qui sont aimés de Dieu. Car c'est le dernier conseil de Silouane, dans sa dernière lettre : « Dites le plus possible aux gens : "Faites pénitence ! " »