PUF, coll « Epimethee », 2002, 269 p , 26 €

Qui, à la lecture de tel ou tel passage des Confessions de saint Augustin, n'a été un jour ou l'autre bouleverse ? Qui, au détour de tel ou tel de ses commentaires psalmiques ou johanniques, n'a été peu ou prou éclaire ?
Mystère de la parole augustinienne que Jean Louis Chrétien, avec la modestie des plus grands lecteurs, entend ici percer et nous faire partager. Sa méthode est limpide partant du constat que la parole d'Augustin est toujours en acte (compte tenu du caractère oral de la plupart de ses commentaires), Chrétien repère vingt-trois infinitifs clés de son œuvre et les commente un par un. Cette méthode permet de mettre en évidence combien, en effet, « saint Augustin écrivait pour mieux lire et parlait pour mieux écouter ». Nul mieux que l'évêque d'Hippone, selon Chrétien, n'avait conscience que, par la, il répondait a l'appel de Dieu lui même tel qu'il se donne a lire inépuisablement dans la Bible.
Si les essais sur « interroger », « écouter », « traduire » ou « lire » sont attendus dans un essai dit « philosophique », les essais sur « manger, boire », « éructer », « se taire » ou « confesser » sont plus surprenants. Ainsi propose-t-il un ouvrage avec et non sur Augustin. Cette sorte de corps à corps avec un tel auteur est à même de nous le rendre vraiment familier. Pas à pas, Chrétien tente de rejoindre la vibration intime d'Augustin, son timbre de voix, ses battements de cœur, tous offerts a un seul et même idéal témoigner corps et âme de la joie de vivre de la parole de Dieu.