Depuis vingt ans, j'ai constaté qu'il y a souvent un malentendu sur le sens du mot conversion entre moi, l'Asiatique, et les Français catholiques. Certains ont tendance à penser la conversion comme un changement radical, un retournement complet. La conversion serait une rupture nette avec la tradition d'origine. On change complètement : du noir, on devient blanc ; de médiocre, on devient meilleur. Dans cette optique, le catéchumène est par excellence un des nôtres, car il a laissé tout ce qui est mauvais pour « endosser » comme nous les valeurs les plus positives de la vie. Comme nous, il sera « sauvé » parce qu'il a renoncé à toutes les valeurs de ses ancêtres, valeurs plus ou moins erronées. Le catéchumène devient ainsi un être nouveau, libéré de toutes les entraves antérieures à son baptême. J'avoue que cette vision est très flatteuse et très optimiste. Mais, personnellement, j'ai du mal à y adhérer.
D'autres, plus « modernes », pensent que la conversion est une sorte de grand saladier où l'on met ensemble les différentes traditions religieuses, avec un peu d'assaisonnement, pour arriver à avoir un plat très savoureux adapté à la société pluraliste actuelle. On peut ainsi boire à plusieurs sources à la fois. Le converti aborde donc une deuxième identité tout en gardant la première. On peut ainsi être bouddhiste et chrétien à la fois. Je ne me sens pas à l'aise non plus avec une telle affirmation.
J'ai l'habitude de me présenter comme une chrétienne catholique venue du bouddhisme. C'est ma façon de dire mon identité de disciple de Jésus Christ, sans pour autant renier ma tradition d'origine. Le bouddhisme reste une cohérence dense qui a des valeurs propres, mais très différentes de celles de la cohérence chrétienne. C'est de cette différence même que je tire la richesse spirituelle qui me permet de rentrer en...
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