Collab P Asso Flammarion, 2001, 186 p , 13 €

Soeur Emmanuelle confie sa plume à Philippe Asso, prêtre du diocèse de Nice, pour traduire en un style alerte, à la première personne, une réflexion nourne de sa grande expérience des pauvres, d'abord au Caire, puis, aujourd'hui, dans les bidonvilles en France Sans verser dans de grandes théories, elle concilie par la pratique deux exigences chrétiennes, intellectuellement contradictoires la béatitude de la pauvreté et la lutte contre la misère Cette réconciliation prend d'emblée une couleur à la fois morale et politique Sont convoqués les associations, les organisations cantatives, les institutions publiques et les grands témoins qui peuvent agir sur les instances qui comptent (Xavier Emmanuelh, fondateur du Samu social a Pans, ou Jean-Loup d'Herse, président de l'Observatoire de la finance à Genève)
Le point de départ est ce constat paradoxal selon lequel une joie se manifeste plus librement dans le partage que dans la sauvegarde jalouse de son bien « Chiffonnier du Caire d'où vient ton bien-être ? Nanti d'Europe d'où vient ton malêtre ?» De là, jaillie de multiples rencontres, cette vérité toute simple : la pauvreté n'est pas un état de perfection, mais un moyen d'y accéder au moment même où les yeux s'ouvrent à la misère d'autrui.
Les tentatives pour formaliser cette expérience très forte sont manifestement moins convaincantes. Passer de la séduction des richesses à l'attraction de la pauvreté par le moyen d'un renoncement d'une libération assortie d'une sensation de revivre, c'est désigner le problème ce n'est pas accompagner la démarche. De même, les derniers chapitres, qui soulignent la correspondance des voeux de religion avec la vie vécue dans l'attention active aux plus pauvres, laisseront un goût de sucre-glace. Il suffirait de peu de chose, peut-être simplement du signe de la croix, pour que s'inscrive dans ce chemin de Libération la pierre de touche hors de laquelle l'esprit se confond avec un naturalisme généreux.