Cerf, coll. « Théologies, 2002, 356 p., 28 €.

D'entrée de jeu, Michel Corbin affiche son parti pris de faire du chapitre XX de Jean une lecture croyante. Il entend par là une lecture qui suive pas à pas le texte sans se référer à des principes exégétiques ou théologiques qui surplomberaient l'écriture évangélique. Cette lecture théologique tente de comprendre la progression, le sens et la cohérence de l'écrit johannique.
Jésus s'y révèle Verbe et Fils du Père dans le mouvement même de son abaissement et de la donation de sa vie. Cette révélation s'achève dans le récit de la Résurrection et la montée vers le Père — ce mouvement suscitant la foi des disciples et engendrant l'écriture des Evangiles. Précis, étudiant minutieusement chaque phrase et presque chaque terme de ces trente-et-un versets, l'ouvrage les lit à la manière des Pères, auxquels il se réfère continuellement. Le principe fondamental de sa méthode consiste à rechercher l'unité et le caractère concerté du texte, en interprétant ses incohérences apparentes comme un moyen original d'expression. L'auteur de l'Evangile exprimerait par là que la réalité révélée passe toute possibilité de réduction par l'entendement humain, et c'est ainsi qu'il indique combien l'amour de Dieu surpasse ce que l'homme est capable d'en percevoir.
Origène, Grégoire de Nysse, Hilaire de Poitiers, Augustin et Anselme de Cantorbéry notamment, ainsi que Thomas d'Aquin pour ses commentaires bibliques, mais aussi des auteurs modernes (surtout Hans lire von Balthasar), sont abondamment appelés à confirmer les interprétations du livre. L'ensemble de cette étude érudite, très nourrissante et tout entière guidée par la foi et le respect du statut propre au texte de l'Evangile est d'une grande force et d'une grande chaleur communicative.