La notion de bien commun est une constante de la pensée sociale de l'Église et trouve ses racines profondes dans la révélation biblique relue et commentée en dialogue avec les approches philosophiques qui ouvrent, aux mots de la foi, la possibilité de rejoindre une expérience partageable par tous. Comment l'Église se met-elle à l'écoute du monde et des hommes et femmes pour répondre aux appels du temps présent ? Une approche historique de la notion de bien commun à travers le développement des encycliques sociales et un regard sur la manière dont le pape François recourt à cette notion et la mobilise dans ces encycliques sociales Laudato si' (2015) et Fratelli tutti (2020) permet d'esquisser une réponse à cette question.

Au cœur de l'enseignement social de l'Église

En dialogue avec les questions émergentes du temps, les textes sociaux du magistère proposent une analyse critique des positions en débat et une approche théologique des questions économiques, politiques, sociales et environnementales. Ils procèdent sous mode de « conseil » ou de sagesse pratique qui vise à éclairer les consciences et à soutenir l'effort de conversion des mentalités et de réforme des structures.

Une « nouvelle philosophie sociale »

L'encyclique Rerum novarum (RN) est le premier acte de ce corpus, publiée en 1891 par le pape Léon XIII. Dans le contexte difficile de l'industrialisation au XIX siècle, la « question ouvrière » est la question sociale majeure. Les « catholiques sociaux » luttent, avec d'autres, contre la misère sociale. À l'écoute de ces revendications et de ces engagements, le pape Léon XIII propose un texte qui conteste la pensée marxiste de lutte entre capitalistes et prolétaires. Il prône une voie de réconciliation et de communion entre tous les acteurs de