Il fut un temps où les chercheurs scientifiques étaient des hommes d’aventure. On peut penser bien sûr à Galilée, Newton et Darwin, mais aussi, plus près de nous, Pasteur, Henri Poincaré et Albert Eins­tein, ou à ces scientifiques français « prix Nobel » comme François Jacob, Pierre-Gilles De Gennes ou Françoise Barré-Sinoussi. Mais ces valeureux scientifiques ne sont-ils pas les derniers témoins d’un temps désormais révolu ? Les chercheurs ne sont-ils pas devenus de simples techniciens de haut niveau qui adaptent les technologies existantes ou en inventent de nouvelles pour satisfaire les besoins sociaux, depuis les cellules-souches jusqu’aux nanosciences ? Il n’y aurait donc tout simplement plus que des ingénieurs dont le « gé­nie » se limiterait à l’amélioration du « comment » des choses et il n’y aurait plus de rêveurs qui s’interrogeraient sur le « pourquoi » et la symbolique des découvertes… Certes, cette dérive de la recherche vers l’utilitaire est favorisée aujourd’hui par la politique actuelle du pilotage de la recherche scientifique, mais ceci est un autre débat 1.
Mon propos voudrait plaider et témoigner de l’existence et de la vitalité d’une recherche fondamentale qui ne cherche pas d’abord les applications techniques. Non, l’utilité de la science de « base » 2 n’a pas disparu : elle est même de plus en plus nécessaire. Et cette nécessité de la recherche gratuite me semble soulignée par la tradition chrétienne, ne serait-ce qu’au regard de la tradition biblique selon laquelle l’interrogation sur la nature et la nomination des choses sont au fondement de la vocation humaine : « Yahvé Dieu modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel, et il les amena à l’homme pour voir comment celui-ci les appellerait : chacun devait porter le nom que l’homme lui aurait donné » (Gn 2,19).
 

La recherche et son interprétation


En quoi consiste l’entreprise de la recherche fondamentale en sciences ? Bien sûr, répondra-t-on avec raison, il s’agit de connaître et de comprendre, et finalement d’élaborer un savoir sur le monde. Et, dans certains cas, cette connaissance pourra être utile pour agir sur la nature, par la technique en général ou la médecine en particulier. Mais il me semble que le premier ressort de la recherche scienti­fique n’est pas d’abord là, dans la construction de grandes synthèses explicatives sur la nature et son devenir : cette entreprise humaine consiste surtout à contrecarrer les évidences, les idées reçues.

Les sciences contre le « bon sens »

De manière générale, chaque culture humaine s’interroge sur le fonctionnement des objets de la nature, que ce soit sur la lumière des étoiles ou le développement des êtres vivants, y compris celui des êtres humains. Chaque culture fait sa propre synthèse explica­tive pour penser l’environnement proche ou lointain de l’homme et sa genèse : c’est même une des fonctions des mythes que de dire le « pourquoi » des choses en racontant un commencement. Autrement dit, spontanément, chacun de nous a des idées sur la manière dont fonctionnent le monde, la nature et la vie. Et le plus souvent, la science casse ces idées spontanées. Ce fut même le geste fondateur de Galilée, reprenant Copernic : « Non, le soleil ni ne se lève ni ne se couche ! Non, la terre n’est pas au centre du monde ! » Puis, progressivement, la culture ambiante assimile ces coups de boutoir, quitte à changer de conception sur la marche du monde. Ainsi, avec Newton et Descartes, les astres lointains et les corps humains deviennent des objets comme les autres soumis à des lois générales mises en place par un Dieu, grand ordonnateur du monde, qui pense tout à la perfection, dans un espace fixe infini et dans un temps qui s’écoule sans heurt.

La recherche scientifique

Cette belle synthèse a été mise en cause par la physique du XXe siècle, qui parle d’un univers en expansion, et d’une relation intrin­sèque entre l’espace et le temps – deux assertions qui choquent le « bon sens ». Imaginer un univers qui change et évolue, passe en­core, mais imaginer un univers en expansion, cela devient difficile ! Se pose inévitablement cette question de « bon sens » : si l’univers est en expansion, dans quoi se déploie-t-il ? L’astrophysicien répond que cette question n’a pas de sens scientifique ! Et si l’univers a un début, qu’y avait-il avant ? Là encore, selon la physique relati­viste, cette question n’a pas de sens, car sans espace, il n’y a pas de temps 3 ! Et il faudrait parler de la physique quantique qui remet en cause l’indépendance de l’observateur et de l’objet observé, et sur­tout la prédictibilité des événements microscopiques : la particule élémentaire est à la fois une particule et une onde 4. La plupart des découvertes scientifiques sont ainsi « contre-intuitives ».
C’est aussi le cas de la biologie depuis – au moins – les travaux sur l’évolution de Darwin et ses successeurs. Que la forme de tel être vivant soit le fruit d’une transformation et soit issue d’un autre vivant, passe encore, mais que cette évolution soit généralisée et se soit faite non pas en milliers, ni en millions, mais en milliards d’années, c’est également bien difficile à réaliser ! Ainsi, ce que nous sommes serait issu d’un ancêtre commun avec les grands singes, lui-même issu d’une ancêtre commun avec tous les vertébrés, lui-même issu d’êtres monocellulaires apparus sur une planète particulière – la terre en l’occurrence – qui a la propriété de contenir de l’eau liquide et d’avoir été ensemencée par des molécules prébiotiques venues de l’espace intersidéral… Que, finalement, nous soyons is­sus de poussières d’étoiles, c’est, toujours et encore, bien difficile à imaginer ! Décidément, dans son travail patient de décryptage des mécanismes élémentaires, des relations moléculaires, cellulaires et tissulaires, des fonctionnements physiologiques et pathologiques, les sciences physiques, chimiques et biologiques modernes prennent à défaut le « bon sens ».
Ce travail roboratif des sciences modernes disqualifie certaines représentations du monde, comme naguère celle d’une Terre plate, comme hier celle d’une fixité des espèces vivantes qui seraient appa­rues indépendamment les unes des autres. Mais ce ne sont pas les sciences qui disent le « sens ». Nous avons passé l’âge du scientisme qui cherchait à déduire scientifiquement la politique et la morale. Les découvertes scientifiques sont donc livrées à l’interprétation humaine, qui peut prendre plusieurs voies : matérialistes, spiritua­listes ou d’autres encore. Certes, certaines interprétations ne sont plus possibles, comme je l’ai indiqué plus haut. En ce sens, chaque résultat scientifique majeur est une « découverte philosophique négative », comme le dit Étienne Klein 5. Pour autant, la science n’impose pas de « valeurs », et c’est bien cela qui nous importe ici : comment recevoir spirituellement, voire chrétiennement, les découvertes des sciences contemporaines ? Comment être soi-même scientifique et donner sens à son existence ?

Interprétations plurielles

Pour préciser mon propos, je voudrais indiquer les interprétations qui existent aujourd’hui et que, pour ma part, j’écarte :
• La première est celle du matérialisme déterministe. Par méthode, la science est certes matérialiste, réductionniste et athée. Ici, on passe à un réductionnisme de principe, où tout s’explique effectivement par « réduction » : l’univers n’est que ceci ou cela ; la vie de l’homme s’explique uniquement par son ADN et ses hormones ; les religions ne sont qu’une manifestation particulière d’un état du cerveau et la prière n’est qu’une belle illusion qui permet au corps un bien-être et une meilleure longévité (neuro-théologie).
• Parallèlement, j’écarte l’interprétation spiritualiste qui cherche dans tel ou tel résultat scientifique l’opportunité de parler directe­ment d’un « dieu créateur » : l’agencement des constantes physiques universelles, par exemple, résulterait d’un réglage initial qui aurait programmé l’apparition de la vie 6, ou encore, la complexité du vi­vant serait telle qu’elle ne pourrait s’expliquer sans une intelligence supérieure 7.
• Je voudrais enfin écarter de mon propos le pessimisme radical qui se méfie de toute avancée scientifique et technique à cause de ses conséquences éventuellement négatives. Qu’un discernement soit nécessaire est une chose, que tout soit à refuser en est une autre…
• L’interprétation que je propose ici prend appui – on ne s’en étonnera pas – sur cette description de la recherche fondamentale comme travail roboratif, telle que je viens de l’esquisser.
 

De la traversée des représentations au passage pascal


La science prend donc le « sens commun » à rebours. Le premier à en être bousculé est le chercheur lui-même. Son travail l’amène souvent en effet à un changement de regard, à une mutation de ses représentations. Il arrive, dans un champ de recherche précis, qu’une expérience, un résultat obligent à reprendre les choses au­trement, à laisser tomber une hypothèse pourtant belle, simple et attrayante. Pourquoi le scientifique accepte-t-il de ne pas s’accrocher à une représentation disqualifiée ? Parce qu’il « sait » qu’une autre hypothèse pourra être plus efficiente. Très exactement, ce n’est pas ici un « savoir » mais une confiance primordiale : derrière le chaos apparent, le chercheur continue de penser – souvent contre toute évidence – qu’une cohérence existe qui est à découvrir. C’est cette confiance, cette « foi », qui permet aux chercheurs de relancer l’investigation. Et cela peut donc amener à accepter de changer de théorie, à se résoudre à changer de représentation, à critiquer une hypothèse et consentir à une autre, peut-être moins esthétique, mais plus proche du résultat des expériences. C’est ce passage qui fait le « sel » du travail du chercheur scientifique, c’est-à-dire ce qui à la fois décape et donne de la saveur, du goût. Cette « expérience » est, en tout cas, ce que le chercheur guette, redoute et attend.
Ce travail de « chute » de représentations est pour moi proche de ce qui se passe dans l’existence ordinaire, certes à un niveau beaucoup plus charnel et vital. Il arrive ainsi dans la vie d’un être humain que viennent à tomber les « hypothèses » sur lesquelles il a vécu, c’est-à-dire les fidélités sur lesquelles il s’est appuyé, les amours et les amitiés qui l’ont fait vivre. Il y a des moments où le sens même que l’on donne à son existence vient à s’effondrer. S’éloignent alors les représentations habituelles de soi, du monde, du cosmos, de l’humanité, des autres, des relations entre soi et les autres, de sa communauté, de l’Église et… de Dieu.
C’est ce qui arrive à bien des personnages dans la longue histoire biblique : Adam au jardin, Caïn avant le meurtre d’Abel, Abraham avant le sacrifice d’Isaac, Moïse au Sinaï, Élie à l’Horeb, Jonas à Ninive et… Jésus à la Croix. Telle qu’on peut la retracer selon les évangiles, l’histoire de ce Jésus de Nazareth montre en effet qu’il est très vite conscient qu’il va au-devant d’une mort certaine. Il pourrait y aller avec la certitude de mourir pour une bonne cause, entouré des siens et des membres de son groupe. Or ce n’est pas le cas : tous l’abandonnent. Il pourrait y aller avec la représentation du prophète juif injustement condamné. Mais même cette mort-là lui est refusée : il ne meurt pas de la mort juive par lapidation, mais de la mort romaine des esclaves, crucifié. Dieu lui-même l’abandonne : c’est son cri sur la Croix.
Nous recevons des évangiles et de ses témoins qu’au moment où tombent toutes les représentations que Jésus pouvait avoir de Dieu, de son peuple et de lui-même, il lui est donné la force de traverser et de pardonner. Et nous croyons que c’est en cela qu’il est le premier ressuscité, qu’il est Fils de Dieu et qu’il nous donne de l’être : à sa suite, nous pouvons aussi traverser toutes ces morts qui surviennent, ces épreuves où le sens vient à manquer. Jésus est le passeur de Gethsémani 8.
 

L’expérience humaine : croire et savoir


Cette mise en regard de l’expérience du chercheur et de celle du croyant chrétien est une proposition libre. Il ne s’agit pas d’un côté de déduire de la science une certaine spiritualité, ni, de l’autre, de forcer la science à s’enrôler du côté chrétien, comme si le scientifique était un chrétien sans le savoir. Il s’agit, plus modestement, d’une lecture spirituelle de cette expérience vécue dans la recherche scientifique. Elle permet en tout cas de mieux situer la place respective du savoir et du croire dans notre culture contemporaine, et peut-être même de parler de Dieu d’une manière renouvelée.
Notre culture contemporaine est à la fois saturée de connaissances et pleine d’incertitudes. Jamais nous n’avons eu autant de savoirs à propos des origines du cosmos, de la vie et de l’humanité, et pourtant ces savoirs accumulés n’empêchent pas la crainte de l’avenir. Parfois même, ils la renforcent : c’est ce qui se passe aujourd’hui à propos de l’avenir de la planète. À quoi bon toutes ces connaissances, si nous ne savons plus comment vivre ?
Il me semble justement que mieux situer le rôle des sciences dans notre société contemporaine permet de comprendre que « savoir ne suffit pas pour vivre ». On pourra toujours préciser au­tant qu’il est possible d’où vient le vivant sur terre, où commence et où se termine la vie biologique, cela ne dira rien sur la manière de vivre à hauteur d’homme. Il y faut un engagement, il y faut une décision, il y faut une confiance. Les sciences ne disent pas la morale. Elles la sollicitent même : on le constate bien à propos des questions bioéthiques aujourd’hui. Les connaissances des sciences contemporaines – telles que je les entends, en tout cas – ne sont pas une menace qui mènerait à la mort de l’homme ou à celle de Dieu. Par contre, elles sollicitent la vigilance et l’action humaines, la confiance en l’avenir. Pour passer outre cette vigilance et cette confiance nécessaires, la grande tentation est de se réfugier dans le « savoir », dans une explication totale : qu’elle vienne des sciences ou des religions n’est qu’un détail…
Le chrétien devrait bien connaître cette tentation du « savoir », puisqu’elle traverse l’Évangile : « Alors, si quelqu’un vous dit : “Vois, le Messie est ici ! Vois, il est là !”, ne le croyez pas » (Mc 13,21). Pour croire au Fils de l’Homme, il faut maintenir un non-savoir. Ce non-savoir n’est pas une ignorance, c’est une non-crédulité. Si l’on suit cette ligne évangélique, la foi ne saurait consister en un savoir, une explication du monde en concurrence ou en continuité avec d’autres savoirs. Croire aujourd’hui consiste plutôt en un « refus » des savoirs qui saturent le monde, les « ne que ». La foi est maintien, coûte que coûte, d’un non-savoir primordial sur le mal, la mort et la vie. Non ! La mort ne s’explique pas uniquement par la biologie, ni le mal par l’histoire (cf. Job), ni la vie par les gènes – pas plus que par Dieu, car Dieu n’est pas l’explication du monde.

Quelle place pour Dieu et l’espérance ?

 
Il fut un temps où pour maintenir une place à Dieu dans les expli­cations scientifiques, on parlait de Lui comme d’un grand horloger ou d’un grand ordonnateur, une sorte d’élément fondamental né­cessaire à la cohérence et à la marche du cosmos. C’était l’époque du déisme. Ce Dieu-là était d’ailleurs repoussé dans ses retranchements, puisque son pouvoir explicatif était progressivement remplacé par d’autres, jusqu’au jour où les scientifiques se sont débarrassés de ce « résidu ». Faut-il alors absolument garder une « place » à Dieu ?
C’est ce à quoi renvoie la vieille question lancinante des Psaumes : « Où est-il, ton Dieu ? » (Ps 42). Devant le malheur toujours pré­sent, devant l’inacceptable, est-il encore décent de parler de Dieu et d’espérance ? On peut répondre par la négative, passer aux choses sérieuses et faire tout simplement son devoir d’homme. Le chrétien maintient la question, mais en évitant – me semble-t-il – la tenta­tion d’y répondre par un savoir surplombant, comme si Dieu était le garant d’un bel édifice métaphysique ou d’une explication des lois et des constantes universelles. Ce savoir évite d’avoir à croire en lui… C’est d’ailleurs ce que font les démons de l’évangile : « Je sais qui tu es : le Saint de Dieu » (Mc 1,24), dit l’esprit impur du possédé, que Jésus réduit au silence. Les mots diaboliques sont ceux du savoir : ils disent la vérité dans son contenu pour faire violence à la vérité de l’engagement et de la confiance, et mieux la refuser.
« Où est-il, ton Dieu ? » Je pense que, comme souvent, la lecture biblique invite à inverser la question. C’est ainsi que je lis le fameux chapitre 7 du Deuxième Livre de Samuel. On y entend l’histoire de David enfin devenu roi et enfin installé dans son palais à Jérusalem, qui veut construire une maison à Dieu, car, dit-il au prophète Natan, « “j’habite une maison de cèdre et l’arche de Dieu habite sous la tente”. Natan répondit au roi : “Va et fais tout ce qui te tient à coeur, car Yahvé est avec toi.” Mais, durant la nuit suivante, la parole de Yahvé fut adressée au prophète Natan en ces termes : “Va dire à mon serviteur David : Ainsi parle Yahvé. Est-ce toi qui me construiras une maison pour que j’y habite ? (…) Yahvé t’annonce qu’il te fera lui-même une maison” ».
Ici, mon interprétation donnerait ceci : « Tu t’es installé dans un nouveau monde, marqué par les sciences et ses explications. Et maintenant tu voudrais, comme croyant habitant ce monde, construire une place à Dieu, un lieu pour Dieu. La tentation est d’assigner une place à Dieu, par exemple celle de provocateur de la chiquenaude initiale du Big Bang, de régleur des constantes universelles, du programmateur de la genèse du vivant, celle de l’intelligence supérieure (“intelligent design”) ou même la place du grand horloger en son retirement magnifique… Eh bien, Dieu te fait savoir que c’est lui-même qui te construira une maison. » Autrement dit, habiter comme chrétien dans ce monde aujourd’hui ne signifie pas placer Dieu dans une explication cohérente et non contradictoire de l’univers, mais faire confiance en sa parole, en sa promesse selon laquelle il sera possible demain d’avoir sa maison en ce monde, d’y habiter 9, même s’il est devenu inquiétant et risqué à cause des sciences et des techniques, même s’il est « matérialiste »…
Dans cette société de savoirs scientifiques, de progrès technolo­giques, le nom contemporain de la confiance chrétienne est donc l’espérance. Comme le dit Christoph Theobald, « l’évolution des sociétés, le phénomène de globalisation et le ressort technoscien­tifique des mutations actuelles poussent les traditions spirituelles de l’humanité dans leurs ultimes retranchements et contraint le christianisme à radicaliser l’espérance. (…) Cette espérance est le seul acte “raisonnable” capable de maintenir jusque dans l’abîme du mal et dans l’épreuve de l’immensité de l’univers la fin morale de celui-ci » 10. Pour fonder son propos, Theobald s’appuie sur une lecture de l’Épître aux Romains, où l’apôtre Paul présente Abraham comme « espérant contre toute espérance ». Cette espérance est une libération, car elle « nous fait précisément sortir de la crainte qu’inspire la mort et de la fascination que son dépassement peut exercer sur nous », y compris de la fascination et de la crainte – quasi sacrées – qu’inspirent les technosciences.
Nous croyons que l’humanité peut faire face à la mort et ne pas être engloutie, y compris par ses propres sciences et techniques, pourvu qu’une vigilance soit maintenue, en particulier grâce à cette « recherche fondamentale »…

 
1. Voir par exemple Les États Généraux de la Recherche, Tallandier, 2004 ; Étienne Klein, Galilée et les Indiens, Flammarion, 2008.
2. « Recherche fondamentale » se traduit en anglais par « basic research ».
3. Cf. É. Klein, Les Tactiques de Chronos, Flammarion, 2004.
4. Sven Ortoli et Jean-Pierre Pharabod, Le Cantique des Quantiques. Le monde existe-t-il ?, La Découverte, 2007.
5. Galilée et les Indiens, pp. 45-46.
6. C’est le fameux « principe anthropique ». Cf, par exemple, Trinh Xuan Tuan, Le Monde des Religions, n°39, janvier-février 2010.
7. C’est ce que soutiennent les tenants de l’« Intelligent Design », ou « intelligence supérieure ». Pour de plus amples informations, cf. Jacques Arnould, Dieu versus Darwin. Les créationnistes vont-ils triompher de la science ? (Albin Michel, 2007).
8. Selon la belle expression d’Emmanuel Falque, Le passeur de Gethsémani. Angoisse, souffrance et mort : lecture existentielle et phénoménologique, Cerf, 1999.
9. En grec ancien, « maison » se dit « oikos » ; d’où l’éco-logie. Le sens profond de l’écologie est donc pour chaque vivant d’habiter sa maison en ce monde.
10. « Entre fascination pour les techno-sciences et craintes écologiques, quelle espérance ? », Communication au colloque du Réseau Blaise-Pascal, 28-29 mars 2009, Connaître, n°31-32 (voir http://catholique-evry.cef.fr/IMG/pdf/connaitre_revue.pdf).