Quattrocento, Trad. P. Baillet. Zodiaque/Desclée de Brouwer, coll. « Présence de l'art », 1997, 303 p., 450 F.
La Renaissance, Mêmes références, 350 p., 420 F.


C'est avec Brunelleschi, génie universel, à la fois architecte et sculpteur, que Liana Castelfranchi Vegas nous introduit au coeur de la Renaissance italienne du XV' siècle : le Quattrocento. Epoque fascinante par son profond renouveau culturel, ses questions essentielles et ses débats artistiques, où « l'on cherche à exalter l'homme comme inventeur des arts et métiers ». Ceci se traduit par la place prépondérante accordée aux architectes et aux grands sculpteurs (Alberti, Ghilberti, Donatello...), qui construisent « la cité, lieu d'activité humaine et sociale », et font basculer l'art du côté de la mesure et de la proportion.
Captivant, le Quattrocento l'est encore par « l'enchevêttement des valeurs civiques et des valeurs culturelles », qui fait advenir d'illustres artistes dans les grands centres de mécénat humaniste, en particulier la Florence des Médicis (Botticelli, Lippi, Donatello) et les villes d'Italie du Nord (Mantegna, Tura) Ajoutons que l'auteur fait une part belle à l'intense activité spirituelle illustrée par les grandes « oeuvres de lumière » d'un Fra Angelico (appelé par les papes humanistes cultivés tels qu'Eugène IV et Nicolas V) et d'un Piero délia Francesca. Cependant, l'accent est principalement mis sur ce qui fait la spécificité du Quattrocento : la prodigieuse circulation des artistes en Europe Sluter en Bourgogne, Van Eyck et Van der Weyden en Flandres, Quarton en Provence, Fouquet à la Cour de France... La présence permanente des échanges artistiques et culturels fonde l'Europe et donne sens aux identités nationales comme aux facteurs d'intégration.
Fiorella Sricchia Santoro, sur la Renaissance, partage les mêmes perspectives. D'une clarté remarquable, elle fournit au lecteur la charpente cognitive solide d'une scène culturelle et historique pourtant fort complexe : Bramante en Lombardie, Léonard de Vinci à Milan, les rapports de Jules II avec Michel-Ange et Raphaël, les disciples de ce dernier... Des ivresses intellectuelles et créatives de la Renaissance, des inventions décisives (l'imprimerie et la gravure), des ombres et des conflits (Savonarole), des drames (sac de Rome)..., rien n'est laissé de côté, ce qui permet de mieux saisir l'héritage dont l'Europe contemporaine est tributaire. Là encore, les courants et échanges' artistiques européens (Durer, Cranach, Grùnewald au carrefour danubien ; Metsys et Leyde aux Pays-Bas, l'école de Fontainebleau, la Cour de Prague ) sont au coeur des préoccupations de l'auteur.
Ces ouvrages permettent de comprendre que l'art ne saurait être cerné par des frontières temporelles ou géographiques, et il est très satisfaisant pour l'esprit d'en suivre les phases évolutives. D'autre part, ils offrent un festival des meilleurs choix de reproductions en couleur et noir et blanc des oeuvres de la Renaissance. « La fin de l'art est délectation », disait Poussin, et ces volumes sont, d'abord et avant tout destinés à ceux qui aiment se définir selon le beau et juste qualificatif d'amateurs d'art. Enfin, la présentation est magnifique. La disproportion manifeste des reproductions par rapport au texte n'est pas simple séduction d'une illustration généreuse Seule une contemplation prolongée, personnelle et fréquente, permet d'entendre le langage d'une oeuvre d'art.