« Veillez ! » La Bible et la tradition spirituelle font résonner cet appel. Veiller, c'est se tenir prêt à accueillir le Seigneur dans la confiance. C'est, dans un écart par rapport à son existence, adopter une attention profonde envers le monde et les autres, dans une pleine présence à soi. La vigilance qui incombe aux humains rejoint ainsi la veille que Dieu ne cesse d'assurer auprès de sa création. Car, si Dieu maintient et amplifie celle-ci, il délègue son geste créateur à l'homme. Porte-parole de Dieu, le prophète aussi se voit confier la tâche de veille en exerçant sa capacité à distinguer dans le monde la venue du Dieu libérateur et en osant sa parole pour annoncer ce Dieu. L'exemple de Jésus montre qu'être veilleur, c'est également être capable de saisir le juste moment pour annoncer ce qui est à venir. Dans l'attente de l'aube, tout croyant peut avoir à vivre le point crucial de l'existence où s'affrontent les forces de vie et celles de mort. De nombreux témoins attestent que ce qu'il a fallu pour vivre ces passages leur a été donné. Ainsi, la veille suppose-t-elle un cœur vidé de lui-même, attentif à ce qui ne se voit pas, tel celui de Marie qui nous ouvre la voie d'un discernement à la suite du Christ. Quand le monde se met au repos, les moines assurent la veille pour l'humanité. Leurs prières nocturnes rappellent que la traversée de la nuit peut être vécue sans effroi. Et si veiller demande de se mettre à distance des interactions incessantes, loin de séparer, ce mouvement rassemble, car la veille dispose à la communion. Veiller dans la foi, aujourd'hui, consisterait à guetter les signes de vie dans la société et dans l'Église, et à nommer ce qui prélude à une renaissance.