À la fois historien d'art et théologien, Jérôme Cottin, professeur des universités, nous présente dans ce livre le point de vue d'un protestant largement ouvert à l'œcuménisme. La résurrection du Christ ne saurait être décrite, elle ne peut qu'être annoncée par les Apôtres. Or cette annonce est suivie, dans chaque évangile, de récits narratifs qui en soulignent la réalité corporelle : le Christ mange, parle, agit, invite Thomas à toucher ses plaies… Le rôle de l'image se rapproche de ces récits, il s'agit de montrer de façon visible une réalité totalement invisible. Cottin souligne que l'image du Ressuscité apparaît dans l'art avant celle de la Crucifixion et qu'il s'agit d'une image où peut se trouver un terrain d'entente entre les catholiques et les protestants, du moins les luthériens qui acceptent l'image du Christ ressuscitant. Il fait le choix de huit œuvres, dont il donne une analyse approfondie à la fois sur le plan scripturaire, théologique et artistique, les replaçant toujours dans leur contexte. Les artistes appartiennent aux trois confessions chrétiennes – catholique, luthérienne et calviniste – ; il commente également l'œuvre d'une artiste non chrétienne, œuvre réalisée en dehors de toute référence religieuse. Son éventail temporel est fort large, allant du VIau XXIsiècle. Ainsi seront étudiés, entre autres, une mosaïque de Ravenne, un volet du polyptyque de Matthias Grünewald, un tableau de Vincent van Gogh et une mosaïque en suspension de Valérie Colomel. C'est un va-et-vient savoureux et passionnant entre textes et images, entre voir – ou ne pas voir – et croire. L'auteur insiste sur l'utilité, la « quasi-nécessité d'un recours à l'image pour penser un thème si charnel, charnel et spirituel » et souligne le profit que l'on peut tirer de ce va-et-vient entre textes bibliques et œuvres d'art, une démarche qui s'adresse à un très large public, croyant ou non, car l'œuvre d'art, faite pour la délectation, s'adresse à l'être tout entier, corps, cœur et esprit, intelligence et sensibilité.