Il peut arriver que notre prière nous permette de débusquer en nous quelques fautes d'amour, c'est une grâce. Réjouissons-nous que le cadeau d'une plus grande lucidité nous ait été ainsi prodigué ! Or, comme souvent, le vrai combat commence seulement une fois que nous sommes entrés dans une plus grande familiarité avec les vues de Dieu. Car, au cœur même de ce don, peut survenir une tentation : celle d'entretenir en nous la désolation de nous-mêmes. Souvent le premier combat que nous avons à mener après une telle révélation n'est pas d'abord de lutter contre le manquement déploré mais bien contre le risque qui consisterait à fixer notre attention sur notre misère intérieure et, par là, à perdre notre point d'appui qui doit être en Dieu seul.

Si nous nourrissons cette désolation de nous-même ce n'est plus alors le bon esprit qui nous parle mais bien le mauvais esprit. Celui-là même qui œuvre de toute son énergie à nous tirer vers le bas. Désespérer de nous-même, c'est alimenter en nous ce qui blesse, même si la faute découverte est tout à fait réelle (le mauvais esprit est bien malin qui travaille toujours à partir d'une vérité pour la détourner à son profit, voilà la définition même de la perversion). Or, si Dieu nous ouvre les yeux, ce n'est certainement pas pour nous affliger. Quand Dieu veut nous révéler nos failles, il le fait avec une douceur qui porte en elle la consolation. La sévérité d'un maître inflexible distribuant les coups de règles n'est pas le langage du Dieu d'amour que nous confessons. Il ne donne jamais la mort, il ne sait que répandre la vie.

Alors à quoi sommes-nous appelés quand notre péché nous est révélé ? Tout simplement à maintenir le regard fixé sur Dieu pour trouver en lui notre guérison.