Si le nom d’une personne en est un constituant essentiel, alors son invocation dans la prière peut être efficace. Invoquer le nom de Jésus et consommer son corps eucharistique, voilà deux manières complémentaires de communier à sa vie.

Si, comme l’Afrique nous aide à en prendre mieux conscience, notre nom est bien un constituant essentiel de la personne, notre moi vocal et relationnel, alors l’invocation du nom dans la prière peut être efficace. Invoquer le nom de Jésus, son moi vocal, et consommer son corps eucharistique, son moi corporel, voilà deux manières complémentaires de communier à sa vie. La prière du cœur (« Jésus, Fils de Dieu sauveur, prends pitié de moi pécheur »), répétée au rythme de la respiration, pacifie et unifie notre cœur. Elle est une force dans le combat spirituel.

« Le nom, c’est l’homme », dit un proverbe burundais (Izina ni ryo muntu)1. Mon nom, c’est mon moi vocal, social, relationnel. C’est un connecteur de relation. En sa face signifiante, le nom n’est rien d’autre qu’une vibration sonore émise par une bouche et perçue par des oreilles : sans cet enracinement corporel, le nom n’est plus rien, tout comme la parole, désignée dans maintes langues africaines par le même mot que la « bouche ». Quand on réalise cet enracinement du nom dans la chair, clairement signifié dans différents rituels africains d’imposition du nom crié, soufflé ou craché dans les oreilles du nouveau-né avant d’être proclamé, on comprend mieux que certaines langues puissent avoir un seul et même terme pour les deux concepts signifiés en français par les mots « nom » et « corps ». Ainsi, en kenga, langue du centre du Tchad, rá´Âá´Â-má pourra se traduire à la fois par « mon nom » et « mon corps », disons donc mon « être manifesté » qui englobe mon moi vocal et mon moi visible. Même double sens en nancere et en gabri, deux langues au sud du Tchad, où kúséng a les deux significations.

Prononcer le nom de l’homme

En outre, un interdit se révèle très généralement observé en Afrique : l’interdiction d’appeler quelqu’un par son nom la nuit, par crainte qu’un être maléfique ne s’empare de ce nom pour faire du mal à son porteur. La même interdiction de prononcer le nom vaut également dans des situations de vulnérabilité, où l’interpellé se trouve en danger : à la chasse ou en pleine forêt, ou au milieu d’une traversée du fleuve en pirogue, circonstances où l’on côtoie les esprits. En tout cas, si l’on vous appelle par votre nom dans l’un