Saint Jean Chrysostome constitue, depuis l’Antiquité, un pont entre l’Orient et l’Occident. Vénéré aujourd’hui par tous les chrétiens, l’archevêque de Constantinople († 407) a pourtant été attaqué de son vivant par les membres même de l’Église : calomnié et condamné par ses frères évêques, pour finir exilé par un empereur chrétien. Sa mort, suite aux mauvais traitements subis sur la route de l’exil, en fait un quasi-martyr : le témoin d’une existence entièrement donnée au Christ, d’un prédicateur passionné pour la justice, allant jusqu’à risquer sa vie par fidélité à la radicalité de l’Évangile.
Jean « Bouche d’Or » est aussi un maître spirituel : une figure qui nourrit l’Église depuis mille six cents ans par ses écrits (sur le sacerdoce, la virginité, le mariage…), par les centaines d’homélies où il commente l’Écriture, et par les nombreux extraits qui enrichissent la Liturgie des Heures. Laurence Brottier a déjà proposé plusieurs ouvrages exposant l’enseignement spirituel de Jean, notamment L’appel des demi-chrétiens à la vie angélique (Cerf, 2005) et Les « propos sur la contrition » de Jean Chrysostome (Cerf, 2010).
Le présent ouvrage offre une introduction brève et accessible à cette spiritualité. À travers les textes retenus, on peut percevoir le souffle qui animait ce prédicateur infatigable dont le seul but était : amener les fidèles d’Antioche et de Constantinople à s’approcher, un peu plus, du Christ qu’ils professaient. Le parcours trace un itinéraire qui honore les grands thèmes de la spiritualité chrysostomienne : la purification de l’image de Dieu, l’incapacité des chrétiens à répondre à son amour, une manière de trouver Dieu dans le service des pauvres, des étrangers, des prisonniers et des malades, et enfin la visée fondamentale de la vie chrétienne : faire grandir en nous « une disposition à l’action de grâce perpétuelle ».
À chaque étape de ce parcours, un commentaire de quelques pages fournit une actualisation du texte chrysostomien pour le monde d’aujourd’hui. Ces quinze explications s’ajoutent à l’introduction pour constituer, in fine, un bref mais remarquable traité de spiritualité chrysostomienne. La série de questions qui clôt chaque chapitre renvoie le lecteur à sa propre liberté, et lui interdit de rester extérieur à la démarche. Lire ce livre, ainsi, c’est s’engager dans une démarche de conversion. On en viendrait presque à suggérer : comme les Exercices spirituels, ce livre n’est pas à lire, mais à expérimenter.
 
 
Pierre Molinié