Le chrétien tant soit peu engagé est vite dispersé ; par son métier d'abord, qu'il faut exercer, qui recquiert aussi un perfectionnement incessant et qui entraîne souvent à prendre de nouvelles responsabilités ; par sa famille ensuite et par l'attention qu'il faut avoir à chacun ; par la paroisse encore, par ses activités multiples, par l'Action catholique ; enfin par divers autres engagements (politiques, etc.) et par les exigences de la vie personnelle...

La pratique des Exercices spirituels dans une maison de retraite est à la fois un temps de pause à l'égard de ces diverses activités, et un temps fort dans la vie spirituelle. Poursuivie après la retraite par la vie d'oraison ou même vécue à l'intérieur de communautés fraternelles, elle permet de mettre de l'ordre, de tout faire converger dans la disponibilité au Seigneur. Ainsi, et de plus en plus, la spiritualité ignatienne, contemplation dans l'action, fait mieux saisir le sens de cette vie où chacun participe à la création avec le Seigneur.

Dans nos vies, le grand apport de saint Ignace se ramène donc à ces deux points :

1) la disponibilité au Seigneur, dont il faut d'abord prendre conscience et saisir le sens, étape décisive que doit accompagner l'abandon de ses oeuvres propres, de ses constructions personnelles, de sa "carrière" ;

2) la pratique du discernement, vécue dans la prière et le dialogue, comme moyen de régir sa liberté.

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Bientôt, cependant, sous le choc de la vie, on s'aperçoit que n'est pas si simple : quelque chose ne va pas, fondamentalement. Le discernement aboutit, à cet instant, à la prise de conscience que l'on n'est rien, et que c'est le Seigneur qui est là ; en un mot, le discernement conduit à Dieu par l'humilité