La polémique que fait redouter le titre n'aura pas lieu. L'auteur ne se soucie pas de trouver des insuffisances aux différents types de méditation aujourd'hui à la mode. Il a de la sympathie pour Christophe André, Alexandre Jollien, Matthieu Ricard ou Fabrice Midal, souvent cités. Il suggère simplement qu'avec les « maîtres du Carmel » (en l'occurrence Thérèse d'Avila, Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux, Edith Stein, Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus), on va plus loin et plus haut. Il fait sienne la formule de Christophe André : méditer, c'est s'enraciner ; prier, c'est s'envoler (p. 9). Il fait entendre la différence chrétienne en quelques chapitres consacrés à la liberté, l'amour, la vérité, Dieu, l'homme, l'oraison, la mort. Particulièrement inspiré est le chapitre « De Dieu et de ses entrailles ». Il invite à envisager « un monothéisme hors norme », la foi trinitaire en un Dieu miséricorde, et Jésus de Nazareth « interface vivante entre Dieu et l'humanité ». Les problématisations qui fâchent restent à l'écart. Il est entendu que, pour Thérèse d'Avila, « le Dieu de l'extase n'est autre que le Dieu de son catéchisme » (p. 108). La sérénité du ton, la simplicité et la limpidité de l'écriture, le choix des citations parlantes et bien contextualisées font de ce petit livre une introduction aisée à la vie spirituelle (la « vie dévote », disait François de Sales), dans une perspective contemplative, bien sûr, mais où tout le monde peut en prendre de la graine.
Pourquoi la méditation ne suffit pas, Bernard Minvielle
Cerf, 2021, 204 p., 18 €.
A propos de l'auteur
Dominique SALIN
A publié Le discernement des esprits selon Ignace de Loyola (Lessius, 2021).