Pourquoi donc être chrétien ? Trad. D. Barrios Delgado. Cerf, 2005, 308 p., 20 euros.
L’expérience chrétienne, Cerf, coll. « Épiphanie », 2005, 263 p., 25 euros.


L’ancien Maître général des Frères prêcheurs revient dans ce livre revigorant sur la question aujourd’hui centrale de « la différence chrétienne ». Non pour aider les chrétiens à se replier dans leur pré carré, en se drapant dans leur différence : il ne s’agit pas ici de supériorité, mais de témoignage. Parce que « la raison d’être du christianisme est d’orienter vers Dieu », Timothy Radcliffe cherche ce qui, dans les comportements chrétiens, pourrait déranger, interroger nos contemporains, leur faire signe de façon heureuse.
Dans des pages souvent fortes, on entend de façon heureuse la voix du prédicateur dominicain, stimulante et réconfortante, sur l’espérance, la liberté, le plaisir, le courage de la foi, ou encore la chasteté ou le désir du Royaume. Nous sommes sans cesse reconduits au chemin qui a mené le Christ à la Passion, dans la remise de soi au Père. Là nous est révélé l’être de Dieu. Chemin de conversion à la vérité des disciples, personnellement et comme Église. Le tout est émaillé d’anecdotes profondes et souvent drôles, de citations très contemporaines ou jaillies de l’histoire de l’Église (en particulier de la mémoire de l’Ordre).
Bernard Marlingeas veut lui aussi, mais tout autrement, rendre compte de l’originalité de la foi chrétienne, en proposant « un ensemble de chemins de randonnée au pays de la foi », conçus dans un registre explicatif. L’ouvrage de ce dominicain ouvre par le désir de bonheur, et relaie la question redoutable de Jean-Luc Marion : « Comment parvenir à désirer le bonheur plutôt que le malheur ? » Pour soutenir le désir de bonheur, la foi se présente comme une expérience : « La foi est une attitude qui relève de la réponse à un événement de l’ordre de la rencontre et qui provoque un changement dans l’itinéraire humain. » La place importante donnée aux Écritures dans cette exposition pourra favoriser la méditation.