En guise d’introduction à ce propos, je voudrais évoquer un souvenir : celui d’une soeur de ma communauté qui se remémorait avoir reçu pour élection une ligne spirituelle de grand bon sens, qui tenait en quelques lignes et disait son désir de s’offrir simplement à Jésus, « sans faire d’histoire », pour mener avec Lui une vie « ordinaire », « comme tout le monde ». Cela l’avait un peu humiliée, ou tout au moins inquiétée, à cause de la banalité apparente de ce qui lui était indiqué là. Pourtant, elle avait écrit ces quelques lignes sur un tout petit papier qu’elle avait encore dans son portefeuille à 75 ans. Et, au soir de sa vie religieuse, elle disait : « C’était bête comme chou et, pourtant, c’est bien ça qui a été la ligne de fond de toute ma vie ! Sans même que j’y pense, j’ai toujours été ramenée à ça par mes engagements apostoliques, par la prière, les envois des supérieures, les événements aussi… » Le repérer ainsi, à 75 ans, lui donnait le sentiment d’un accomplissement, d’une confirmation, non seulement de l’élection reçue à ses 18 ans, mais aussi de toute sa vie, et surtout de la fidélité de Dieu pour elle…
 

Un paysage toujours à découvrir


Cet exemple indique bien quelque chose de l’élection, mais aussi de son développement et de sa confirmation par la vie, la vie ordinaire et extraordinaire à la fois qui est précisément la vie à laquelle ouvre la quatrième semaine, la vie en « régime de résurrection ». L’élection, ce peut être une réponse en « oui » ou « non » à une question précise que je me pose, une manière de trancher dans une alternative, comme dans un choix de vie ; ce peut être aussi une ligne spirituelle qui informe ma vie et les choix successifs, comme dans l’exemple de la soeur. Dans ces deux cas, ce n’est pas une décision qui tomberait du ciel, « toute crue » et définitive. Et la confirmation n’est pas le coup de tampon final, la garantie inoxydable de la sûreté de mes choix et orientations : une garantie que je pourrais opposer aux démentis de la vie et du réel comme une sorte de « droit opposable », parce que reçu dans le cadre sacro-saint d’une retraite. Je dis souvent aux novices, en sortant