Parlant de Clorivière, le préposé général de la Compagnie écrit en 1816 : « Si ce bon Père vient à mourir, c’en est fait des espérances de la Compagnie en France. » Il lui avait, en effet, confié en 1814 le rétablissement des jésuites. Pierre-Joseph de Clorivière était entré dans la Compagnie soixante ans plus tôt, à l’âge de 21 ans.
Ce Malouin avait alors renoncé à une carrière commerciale et maritime toute tracée d’avance.


Jésuite dans la Compagnie

Clorivière prononce ses premiers vœux, le 15 août 1758, alors que les Bourbons s’en prennent violemment à la Compagnie. Quatre ans plus tard, en 1762, les jésuites sont expulsés de France. Les supérieurs laissent aux jeunes gens la possibilité d’être déliés de leurs vœux. Clorivière supplie son provincial de le garder dans la Compagnie : « Ne m’arrachez pas, je vous en prie, d’entre les bras de la meilleure de toutes les mères ; elle m’a souffert jusqu’à présent, malgré toutes mes misères ; je ne crois pas qu’elle prît plaisir à voir qu’on me séparât d’elle dans les temps de son affliction. »
Il s’associe même, avec ses compagnons, à un « complot de vengeance évangélique », dont le but est de prier quotidiennement à la fois pour les ennemis de la Compagnie et pour son rétablissement. Plutôt que d’être infidèle à son institut, Clorivière choisit l’exil dans les Pays-Bas autrichiens où l’impératrice d’Autriche tolère encore les jésuites. Rattaché à la province anglaise dont la plupart des maisons sont sur le continent, il fait ses études de théologie à Liège (1762-1766), alors que la Compagnie est de plus en plus vilipendée en Europe. Il est ordonné prêtre en 1763. Après un