Est-il jamais simple de vivre en frères ? Le mot est certes revendiqué par la première communauté chrétienne selon les Actes des Apôtres. Si Pierre pourrait être considéré comme un aîné ayant reçu une mission particulière pour ses frères, Paul serait plutôt un fils adopté tardivement ; quoique vraiment frère, il dérange toujours un peu les habitudes familiales, et il arrive qu’on le lui fasse sentir. Mais pour l’un comme pour l’autre, qu’il s’agisse d’affermir la fraternité, d’en étendre les contours ou de s’appuyer sur elle pour porter l’Évangile jusqu’au bout de la terre, c’est un délicat chemin que d’être frère dans la foi en Jésus.
Dans l’évangile de Luc, alors que ses proches parents demandent à le voir, Jésus répond : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la parole de Dieu et la mettent en pratique » (8,21). Être frère de Jésus n’est pas d’abord un donné relationnel, lié à la généalogie humaine. La fraternité trouve sa source dans l’écoute d’une voix plus universelle ; elle se vérifie dans la réalisation concrète de l’appel à servir le Royaume, pour produire du fruit au centuple
(cf. Lc 8,8), selon la parabole du Semeur qui précède cet épisode.

Durant la Cène, le Seigneur s’adresse à Pierre pour lui confier une mission, qui prend en compte son reniement tout proche : « Quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Lc 22,32). La fraternité dont il s’agit ici ne se limite pas au seul Apôtre André, frère de sang de Simon-Pierre, mais elle concerne l’ensemble des croyants. Alors, qu’entendre par ce mot de « frère » ?
 

La triple fraternité

Frères de sang

En grec, deux mots désignent le frère : phratêr et adelphos.