Préf. D. Poirot. Desclée de Brouwer, 2005, 201 p., 14,50 euros.

L’aventure mystique du XVIIe siècle doit beaucoup à Madame Acarie, cet ouvrage le rappelle à point nommé. Et si le terme Petite vie le situe dans une collection désormais connue, disons tout net qu’il en suggère mal les grandes qualités de clarté et de chaleur communicative. Mêlant harmonieusement analyses et anecdotes, illustrations et rappels chronologiques, l’auteur sait rendre les saveurs souvent violentes de l’époque, et le lecteur suit sans peine les méandres d’une vie passionnante comme un roman.
Un roman d’abord bien parisien — le Paris traumatisé de l’après-guerres de religion — où ne manquent à « la belle Acarie » ni intrigues de cour, ni rapts, ni chutes de cheval. Mais, dès le début, tout est en place pour qu’il devienne un vigoureux récit d’itinéraire spirituel : la jeune femme porte au coeur un désir de Dieu qu’elle va mettre en oeuvre avec une humilité, une détermination étonnantes, pour la plus grande édification de ses proches (François de Sales, Bérulle, etc.). Sa prière est une source de grâces mystiques qu’elle ne peut pas toujours dissimuler : l’auteur suggère que, dans ces ravissements comme dans les tribulations de l’âme et du corps, il
s’établit une filiation mystérieuse entre la Madre Teresa et celle qui se dévouera corps et âme à l’implantation du Carmel en France (1604) sous le nom de Marie de l’Incarnation (depuis béatifiée). À ceux qui ont à découvrir Madame Acarie, ne racontons pas la fin du roman et réjouissons-nous pour eux qu’ils le fassent dans des conditions aussi cordiales !