Desclée de Brouwer, coll. « Prier », 2000, 299 p., 120 F.

Les questions et réponses sur l'oraison pâmes dans la revue Prier et regroupées ici ne sont pas sans évoquer celles publiées dans les années 60-70 par Henri Caffarel et dont le premier recueil, Présence à Dieu, vient d'être réédité (cf. Parole et silence 2000, 250 p., 100F). Mais alors que le père Caffarel s'attachait à substituer la prière comme abandon tout mystique à Dieu, dans l'esprit de ses interlocuteurs, à la prière comme devoir vis-à-vis d'un Dieu abstrait, inatteignable, le père Rondet tâche d'aider nos contemporains à ordonner leur vie intérieure. A une époque où le recueillement paraît soutenir bien des tendances égocentriques, il rappelle combien l'oraison n'est tenable que dans une adhésion résolue au message de Jésus luimême. Méditer les Ecritures revient à cultiver son instinct spirituel pour trouver la vraie simplicité du Christ. C'est pourquoi, au fil des pages, il est fait si souvent appel à la pratique du « coeur à coeur », faisant éviter aux lecteurs d'inutiles crispations pieuses ou intellectuelles.
Le style du père Rondet est caractéristique du vrai spirituel : fluide mais tendu, capable de lyrisme mais sans emphase — comme dans la conversation spirituelle où celui qui pose une question attend moins de son interlocuteur une réponse toute faite qu'une claire et nette invitation à s'ouvrir à Dieu et aux hommes.
Ainsi, fidèles à la plus profonde tradition ignatienne, les réponses à des questions simples et concrètes sont ici marquées au sceau de l'appel à une plus grande liberté, à ne pas passer à côté de l'un des dons les plus simples et mystérieux que nous ayons reçu : prier.