Bayard, coll. « Christus », 2004, 126 p., 15,90 €.

« L'Eglise fait parler d'elle, mais on ne parle plus d'elle » : voilà le constat, ou plutôt le défi qui provoque l'auteur de ces pages alertes et juvéniles, que nos lecteurs auront déjà découvert avec un vif intérêt dans les articles qu'il a donnés à Christus. Quand un supérieur de séminaire — qui plus est celui de l'Institut catholique de Paris — s'autorise de la liberté chrétienne pour parler avec insolence, c'est-à-dire comme un gaucher contrarié, cela peut produire des courants d'air rafraîchissants. L'insolence, c'est, selon la remarque de Péguy, maître de l'auteur, le manque d'habitude, l'absence d'une âme habituée.
Et c'est avec cette insolence que Robert Scholtus parle d'un christianisme qui, sous l'apparence d'une vieille dame courbée sous le poids des siècles, cache une jeunesse recommençante, trop jeune pour se laisser intimider par le « religieusement correct », trop balbutiante pour tenir compte du langage convenu, trop libre, comme un enfant, de ses premières audaces pour se laisser figer par les experts en sociologie.
L'Eglise, dit-il, est en train de réapprendre qu'elle est commencement, événement de fraîcheur, et qu'au secret d'elle-même elle a toujours été « cette adolescente rougissante et maladroite, étourdie par tant de grâce et de responsabilité, d'une insolente jeunesse ». D'où ces pages hardies et entraînantes sur l'espérance, cette « sainte réserve » du pas encore ; sur la communauté chrétienne, lieu destiné à donner lieu à l'humanité de Dieu, fontaine du village, non au centre, mais au carrefour ; sur l'événement, qui surprend les logiques coutumières, d'une Eglise née et sans cesse renaissante de l'événement pascal. Le tout écrit dans l'allégresse de la langue, celle d'un auteur qui se souvient de sa vocation d'écrivain, récusant l'oubli de la littérature en théologie comme en spiritualité, et qui, « avec le sourire d'un clown au regard malicieux », trouverait plaisir au paradoxe s'il n'était d'abord le complice d'un Esprit qui prend lui-même à rebours nos habitudes droitières.