Salvator, or>H. « Juste un débat », 2000, 198 p., 98 F.

L'enjeu dont l'oeuvre et la figure de Péguy furent l'objet durant Lectures spirituelles pour notre temps l'Occupation est présenté ici avec une exemplaire sobriété. Plaçant la mystique comme préalable absolu à toute politique (à l'opposé d'un Maurras), l'auteur de Notre jeunesse rassembla autour de son nom, par-delà la mort, de nombreux chrétiens qui, comme lui et chacun à leur manière, se reconnaissaient tout uniment comme « catholiques, socialistes et français ». Dans le même temps, les maréchalistes catholiques s'évertuaient à le récupérer du côté d'une France bigote, paysanne et vaincue — ce que certains semblent encore aujourd'hui lui reprocher...
Cette calomnie avait été immédiatement dénoncée par la plupart des hommes à l'origine d'Esprit, de Témoignage chrétien, du Monde ou des grandes intuitions de Vatican II, eux qui avaient toujours, vu en Péguy, comme disait le jeune Père Daniélou, « le maître spirituel invisible, mais incontestable, de la France nouvelle ».