Trad. H. Quinson.
Nouvelle Cité, coll. « Récit », 2006, 248 p., 28 euros.


27 mars 1996. Ce jour-là, présent dans toutes les mémoires, sept religieux — discrets, effacés, inconnus, vivant en osmose avec les habitants de l’Algérie profonde où est enchâssé leur monastère — sont enlevés sans raison apparente. L’Algérie est alors déchirée par la guerre civile. Or ces moines ont décidé avec lucidité, envers et contre tout, malgré les dangers qu’ils côtoient quotidiennement, de rester. Pourquoi ? C’est la grande question que l’auteur, historien américain, essaie de démêler avec brio. En Algérie, beaucoup sont morts pour avoir refusé de cautionner l’assassinat de civils désarmés. La fraternité de Tibhirine dérange.
Si le récit, rigoureux et poignant, est mené comme une enquête policière, c’est qu’il raconte avec simplicité l’un des grands événements spirituels de notre temps. La mort des moines de Tibhirine est un bouleversant témoignage de paix, d’amitié et d’amour entre des communautés de religions différentes, mais fidèles, chacune dans sa voie, au Dieu unique.
Un sacrifice vain ? Les moines de Tibhirine sont morts, leur monastère est désert, même si une présence sacerdotale discrète y est réassurée de temps à autre. Leur martyre les a projetés sur la scène internationale. Leur simple existence vécue dans l’amitié, dans la paix, la joie, la pauvreté, sans recherche de soi, a bouleversé le monde.