Labor et Fides, coll. « Essais bibliques », 2010, 375 p., 35 euros.

La résurrection est au coeur de la foi chrétienne. Et pourtant, il n’est pas facile de préciser ce que l’on met sous le mot de résurrection, de signifier dans les expressions du quotidien le surgissement d’une nouveauté absolue. Cette question n’est pas nouvelle : elle était déjà celle des évangélistes ; elle a aussi été celle des peintres qui ont cherché à exprimer leur foi en se laissant inspirer par des scènes évangéliques de la résurrection.
Si la résurrection est bien le coeur de la foi, alors elle se déploie dans tout l’évangile – et pas seulement dans les récits qui concluent les évangiles ; c’est encore elle qui anime les témoins et les premières communautés chrétiennes. L’horizon de la problématique est donc vaste, et son unité vient ici de la référence constante aux textes du Nouveau Testament : il s’agit d’abord de mieux comprendre ce qu’est Pâques, en interprétant ses annonces dans les récits évangéliques ; puis de montrer l’unité du Jésus allant vers Pâques et du crucifié ressuscité. Le livre aborde alors la question de l’actualité et de la vérité de l’événement pascal, comme fondateur de l’existence. Inévitablement, la question de l’historicité de la résurrection (que s’est-il passé réellement trois jours après la mort du crucifié ?) demande à être précisée. Une dernière partie porte sur la transformation qu’opère Pâques dans la perception de la réalité.
Non seulement les grands textes du Nouveau Testament qui parlent de la résurrection sont étudiés, mais également les récits de l’enfance de Jésus, pour montrer comment y sont à l’oeuvre la Croix, l’accueil de la transcendance dans le quotidien : c’est aujourd’hui que nos yeux voient le salut. Ce livre ne se présente pas d’abord comme un travail exégétique, mais comme le fruit d’un regard de foi, d’une théologie. Cette réflexion, appuyée sur une lecture attentive des textes, ouvre sur une intelligence spirituelle des Écritures.
Deux auteurs, l’un professeur de Nouveau Testament, l’autre peintre et historien de l’art, interviennent tour à tour pour un double regard sur le texte des évangiles et sur des tableaux. Cette collaboration à deux voix, qui invite à deux modalités de contemplation, est significative : le message de Pâques ne réside pas dans un savoir ni dans une description d’un événement, mais dans l’occasion offerte d’une rencontre. Rendre présente la présence du crucifié ressuscité fait appel à la foi du lecteur, afin qu’il entre dans un voir transcendé en un croire, sans annuler ce voir.
Un livre dense, d’un grand intérêt pour le croyant qui veut nourrir sa foi par la Bible : l’alternance du travail sur le texte évangélique et de la découverte d’un tableau y est respiration et repos.