À la mémoire de Didier Rimaud, qui traduisit les psaumes.
 

L'Ancien Testament, s'il présente bien des personnages vivant en présence de Dieu, revêtus de sa bénédiction, proclamant ou écoutant sa Parole, est souvent avare d'introspection psychologique explicite. Le lecteur contemporain, s'il veut reconstruire l'expérience spirituelle de telle ou telle figure célèbre, ne peut éviter de faire jouer son imagination, projetant sur le texte biblique des concepts ou des états intérieurs qui risquent de lui être étrangers. Un livre, pourtant, donne la parole à la quête intérieure du croyant, à ce cheminement si personnel qu'il ne se réduit jamais aux systèmes logiques d'une théologie desséchée : le livre des Psaumes. Page après page, ses cent cinquante poèmes offrent de nombreux témoignages où l'aventurier de la prière se révèle en disant « je ». Dans ce sommet de la poésie biblique, à l'art austère autant que magistral, le psalmiste vit son aventure avec Dieu en l'exprimant par des mots pesés et savoureux.

Cet article voudrait écouter deux de ces prières, que l'antique livre nous transmet, discrètement, comme nourriture pour notre chemin spirituel, aujourd'hui. Deux versets en montent, inoubliables : « Où donc aller, loin de ton souffle ? Où m'enfuir, loin de ta face ? » ; « Moi qui chaque jour entends dire : où est-il ton Dieu ? »1. Attentifs au tissage des mots entre eux, nous y trouverons le témoignage d'une présence de Dieu absolue et indéfectible ; mais ce chemin spirituel est exigeant. À celui qui hésiterait face au risque de l'aventure, ces psaumes offrent une promesse encourageante : « Je m'éveille : je suis encore avec toi ! » ; « Au long du jour, le Seigneur m'envoie son amour ; et la nuit, son chant est avec moi, prière au Dieu de ma vie. »2

« Où donc aller, loin de ton souffle ? »

« Tu me devances et me poursuis »

Le psaume 139(138) semble prendre place dans une ambiance conflictuelle, comme lors d'un procès ou d'une