On dit qu'on « tombe » malade. Quelle expression singulière pour exprimer ce que représente la maladie, et spécialement la maladie grave. L'Organisation mondiale de la santé (OMS), la définit en négatif, comme « l'absence de santé ». La philosophe Claire Marin s'oppose à cette vision de la maladie, qui ne serait que l'envers d'une normalité. Pour elle, la maladie grave est « une expérience totale qui bouleverse tous les liens, tous les marqueurs de l'identité, tous les aspects de son existence, une puissance modificatrice à laquelle rien ne résiste1 ». Chute, absence ou expérience totale, quand on lit des récits de malades, on se rend compte que la maladie débute toujours de la même manière, par une liste de toutes les pertes. Le corps n'obéit plus et le malade ne se reconnaît plus dans ce qu'il croyait être son identité. Il se réduit désormais à une pathologie. Il ne dispose plus de son autonomie, de sa liberté, de la gestion de son temps. Il n'est plus décisionnaire. La maladie modifie les rapports sociaux, professionnels et familiaux.