Ce livre est né d’une nécessité, celle pour Agnès Bressolette, psychologue dans un service de soins palliatifs, d’oser reconnaître sa propre vulnérabilité pour entendre celle de l’autre.
Dans ce temps de fin de vie, il est moins question d’apprendre à mourir que de chercher comment vivre. Lorsque les personnes rencontrées font retour sur leur passé, elles ne s’interrogent pas tant sur leur réussite matérielle ou professionnelle que sur leurs relations, celles qui sont à pacifier, celles qui pourraient être renouées, sur leurs rêves, ceux qui ont pu être réalisés et qui apporte une paix dont il est alors bon de profiter. Ces personnes se demandent surtout comment vivre le présent, cet aujourd’hui où le corps gagné par l’immobilité, l’inconfort, la souffrance, peut également retrouver le goût, éprouver de la gratitude pour les soins donnés. C’est parce que le corps est malmené, confronté à la déréliction, qu’il convient de donner beaucoup de place, non seulement à la parole, à l’écoute, mais aussi au contact, aux soins corporels.
Agnès Bressolette s’appuie sur de nombreux récits empruntés à la littérature. Au seuil de la fin de vie, elle note que ce qui remonte le plus, c’est l’enfance – de l’esprit d’enfance (Bernanos) à l’enfant blessé (Bauchau). Blessures, mais aussi forces de vie insoupçonnées, à soutenir, coexistent alors. C’est parce qu’elles émergent en même temps que ce temps est aussi un lieu de vie et de vérité, de détresse et d’humanisation.
Ce livre tout à la fois modeste et pudique tire sa force d’une attitude juste : se laisser toucher, sans idéaliser, ni juger, mais entendre, parfois même offrir le baume d’une consolation, au beau sens du terme, « un des actes les plus importants qu’un être humain puisse accomplir ».

Natalie Héron