« Au-delà de toute chose, il y a la mer » Cette citation lue, petite, dans un livre de mer ancien est restée gravée dans ma mémoire, même si je n’en ai jamais retrouvé la source ni l’auteur… Citation imaginée ou imaginaire peut-être ! Pourtant ces quelques mots continuent à accompagner mon expérience de terrienne citadine tournée vers la mer. Le mystère de la mer contemplée et explorée depuis l’enfance, au long des plages et des sentiers douaniers, en navigation côtière ou parfois hauturière, habite mon horizon et ma prière. Au long des jours, mon esprit s’envole régulièrement vers cet au-delà du réel bétonné, macadamé, au gré des échappées furtives, trouées du ciel dans l’espace donné et balayé par le rythme de la vie.
Car la mer est d’abord et surtout mouvement, espace mouvant, déplacement des vagues, reflet du vent et des marées, flux brassé par les courants, environnement changeant aux couleurs si variées. Penser et écrire la mer est élan, itinérance et danse. La vie urbaine dans notre monde contemporain en plein bouleversement est aussi expérience de la mer au quotidien, sillage hésitant de nos pas en quête d’un avenir imprévisible. Nous sommes sortis des certitudes solides, des principes intangibles. Le sol se dérobe sous nos pieds, l’ère du fixe et du figé laisse place au monde nouveau de l’innovant et des incertitudes, de l’avenir à inventer et discerner au-delà de nos inquiétudes. Nous apprenons la mer jour après jour dans ce changement de paradigme, véritable révolution culturelle, anthropologique, sociale.
Ces quelques lignes prennent forme de journal de bord, simples échos d’une vie religieuse apostolique en région parisienne, comme les embruns marins d’une navigation dans la haute mer du monde.
Aujourd’hui, nous entrons dans une période nouvelle. […] Ce n’est pas une période de changement, c’est un changement d’époque. Alors, aujourd’hui il est urgent de nous demander : qu’est-ce que Dieu nous demande ? Pape François aux évêques brésiliens, JMJ de Rio.
Lundi
Retour au bureau, j’allume l’ordinateur. Mon fond d’écran m’entraîne sur la côte bretonne où s’entremêlent la force du granit posé depuis des siècles et la blancheur de ces vagues implacables qui frappent un phare balayé par la tempête. L’actualité hivernale nous a rappelé que l’homme jamais ne maîtrise la mer, malgré tous ses essais de la dompter. Quand nous démarrons une croisière-retraite « Vie en mer, entrée en prière », nous rappelons toujours aux jeunes cette maxime, après leur avoir présenté l’itinéraire soigneusement préparé : « Le marin propose, la mer dispose. »
Les tsunamis, ouragans et dépressions nous remettent régulièrement devant cette évidence : nous...