Il y a quelques années, on pouvait voir sur les panneaux publici­taires des murs de nos villes deux affiches placées côte à côte : sur l’une, on avait représenté un très gros poisson, qui aurait pu être une baleine ou un requin ; sur l’autre, on voyait un banc de petits poissons. Ce banc avait la même forme que le gros poisson de l’affiche voisine ! Il paraît qu’en mer certains petits poissons, en se regroupant, forment des bancs qui prennent la forme d’un gros poisson, donnant ainsi le change aux prédateurs…
Une baleine, c’est puissant, c’est très solide, mais c’est peut-être un peu rigide. En pleine mer, c’est un animal bien adapté. Mais lorsque l’eau est peu profonde, qu’il y a des rochers un peu partout, les baleines ont du souci à se faire pour franchir les obstacles et ne pas s’échouer sur le sable. Tandis que les bancs de petits poissons, dans des conditions un peu difficiles, sont beaucoup plus à leur affaire. Ils naviguent ensemble, savent se déformer et imaginer un détour, si un récif doit être contourné, et se regrouper en aval de l’obstacle ; le banc s’aplatit pour traverser des hauts fonds, chaque petit poisson trouvant son chemin, et il se replace dans le banc dès que la mer redevient profonde… Souple, déformable, mais perpé­tuellement reformé, multiforme et pourtant homogène, le banc de poissons apparaît comme un ensemble unique et cohérent, sans pour autant se figer dans une structure rigide ou un fonctionne­ment uniforme.

La « baleinisation »


Comparaison n’est pas raison ! Pourtant, l’évolution des institu­tions humaines (entreprises, associations, administrations, églises, syndicats…) n’est pas sans rapport avec cette image marine. On voit se développer certaines formes de «